ruminations - sabine pernet sophrologue - Béthune - La BasséeLes ruminations, ces idées qui tournent en boucle dans nos têtes et qui nous occupent jour et nuit…

Nous en avons tous été victimes un jour ou l’autre.

Aujourd’hui je vous propose d’approfondir ce sujet pour en comprendre les mécanismes.

En premier lieu, nous définirons ce que sont ces ruminations et quelles en sont les particularités.

Ainsi, nous pourrons en démonter les mécanismes et comprendre pourquoi, et comment, elles nous nuisent.

Enfin, nous pourrons aborder le meilleur moyen de lutter contre ces ruminations qui détruisent nos jours et nos nuits

Ruminations : définition et caractéristiques

À priori, nous savons tous ce que sont ces ruminations qui nous pourrissent la vie : une pensée qui revient en boucle autour du même sujet.

De même, nous avons tous ce jugement inconscient sur les ruminations. Un jugement négatif qui classe ces pensées comme inutiles.

A priori, nous considérons donc que ces ruminations nous empoisonnent la vie. Par conséquent, la croyance commune est qu’il faut lutter contre et les faire disparaître pour retrouver la sérénité. Nous verrons plus tard qu’il n’en est rien.

Dans un autre ordre d’idée, regardons sur quoi portent ces ruminations. Faites le tour de vos expériences, posez la question à vos proches… les ruminations ne portent jamais sur le moment présent. En effet, elles ne concernent que :

  • Des événements du passé sur lesquels votre esprit revient.
  • Des situation futures qu’il anticipe.

Pourquoi les fuir ?

Alors, pourquoi cherchons nous à nous séparer de ces ruminations sur des sujets pour lesquels nous ne pouvons plus rien ou qui ne sont pas encore survenus ?

La réponse à cette question essentielle est que nous ne voulons pas fuir les ruminations elle-mêmes, mais les sentiments désagréables qu’elles procurent !

En effet, nous avons une aversion (bien naturelle) pour les émotions négatives et nous sommes rarement armés pour les gérer. Or, les ruminations ne font que générer ce type d’émotion :

  • Quand le sujet est dans le passé, les sentiments les plus courants sont le ressentiment, la colère ou l’indignation…
  • Les évènements futurs génèrent de l’angoisse, de l’inquiétude, de la peur…

Nous cherchons donc à éliminer nos rumination pour ne pas ressentir ces émotions. A l’inverse, le fait de se sentir invincible, au top, avec un moral d’acier pendant toute une journée ou plus n’est pas vécu comme une rumination ! Le côté positif de la chose change notre vision. Nous ne cherchons pas à faire cesser ce moment, bien au contraire !

Cette différence s’appuie sur une chose très simple : un jugement de valeur. Et c’est là qu’est le piège pour notre cerveau !

En effet, définir une pensée comme une rumination va pousser notre cerveau à lutter, à résister, à refuser les sentiments désagréables qu’elle provoque.

Or la répétition de ces luttes a des effets délétères : détresse, lassitude, colère, honte… Bref, tout ce qu’il faut pour torpiller la confiance en soi.

Dans ces conditions : coupons les ruminations et les pensées négatives ! Une solution aussi simple serait idéale… sauf qu’elles est totalement impossible et cela pour deux raisons :

  • On ne peut empêcher (naturellement) le cerveau de fonctionner et de générer des pensées. Les ruminations étant des pensées répétitives, on ne peut donc pas les éviter.
  • Notre cerveau ne se résume pas à un pilote automatique. S’il prend de nombreuses décision, il vous soumet les plus importantes. Vouloir ignorer les pensées et jugement qu’il vous soumet est le meilleur moyen de la faire rentrer en résistance.

Par conséquent, quand je juge négativement ces ruminations car je veux éviter les sentiments négatifs qu’elles provoquent, mon cerveau entre en résistance. Il considère ces pensées comme légitimes et va donc me les présenter encore et encore, jusqu’à ce que je prenne le temps de les analyser ! De jour, comme de nuit.

Stratégie anti-rumination

Si vous avez déjà vécu ce type de situation. Si vos ruminations vous envahissent et que vous n’arrivez pas à vous en séparer… alors il est peut-être temps de consulter votre sophrologue ou tout autre thérapeute pour vous aider. La démarche n’est pas complexe en soi, mais le chemin est quelque fois plus difficile seul.

Pour être totalement transparente, lutter contre les ruminations, une fois que l’on en a compris les mécanismes, se résume à maîtriser deux actions :

  • Réussir à se poser en observateur plutôt que de vouloir stopper ses pensées;
  • Décider quoi faire avec ces pensées, comment les évaluer et les traiter.

Se poser en observateur

Cette étape est certainement la plus complexe. Elle consiste, dans un premier temps à prendre du recul par rapport à ses ruminations.

Pour bien comprendre le mécanisme à combattre, il me semble indispensable d’effectuer un petit rappel de psychologie.

Effectivement, il faut se souvenir (ou accepter comme axiome si vous n’avez jamais abordé ce point) qu’une pensée ne suscite d’émotion que si une partie de vous adhère à cette pensée.

Pour imager ce concept, disons qu’il est plus facile de vous vendre un produit d’hygiène pour bébé en vous montrant ce dernier dormant dans les bras de sa mère qu’en vous montrant un moteur de camion.

Dans le premier cas, cela (r)éveille en vous les émotions liées à la maternité alors que dans le second, il faut que ce soit votre passion pour éveiller quoi que ce soit.

Il nous faut accepter le travail de notre cerveau. Il propose des pensées car il n’arrive pas à les traiter. À nous d’en comprendre le sujet, l’histoire qu’elles portent et les sentiments provoqués par cette rumination.

Car, aussi désagréable que soit cette étape, c’est le seul moyen d’y trouver une solution. Et pour cela il faut les observer sans les juger :

  • Est-ce une rumination sur une situation passée ou future ?
  • Quel jugement portez-vous sur cette rumination, quels sont les sentiments, le climat émotionnel produit par cette dernière ?
  • Quelles sont les résistances opposées par votre esprit (détresse, lassitude, colère…) ?

Cependant, nous manquons souvent d’outils, de techniques et d’aide pour réussir ce changement de paradigme. C’est là où le sophrologue vous apporte toute sa valeur. Il ne prend aucun décision à votre place, mais vous donne les moyens et les outils pour prendre le recul nécessaire à cette analyse objective.

Ré-évaluer et choisir une autre narration

À partir de là, tout devient possible ! Vous disposez de tous les outils pour couper court aux ruminations.

Vous pouvez commencer par vous demander si cette pensée est utile ? Est-ce que vous pouvez agir ou est-ce hors de votre portée ? Est-ce que cela vous apporte quelque chose ?

De même, plutôt que de vous autoflageller, vous pouvez décider d’adopter une vision plus positive. Ainsi, au lieu de vous en vouloir, il est peut-être temps de se souvenir qu’un échec c’est aussi avoir essayé et appris !

Ce processus  montre à votre cerveau que vous l’écoutez. Il n’entre donc plus en résistance et fait taire les ruminations. Mais c’est aussi l’opportunité de mieux comprendre vos émotions et de les utiliser pour progresser. Vous rentrez dans une démarche proactive.

En conclusion

Quelque soit le type ou le sujet de rumination, de jour comme de nuit, le meilleur moyen de les combattre est d’arrêter de les refuser.

Écoutez l’histoire racontée par votre cerveau, en observateur, sans jugement. Trouvez les émotions générées par cette histoire.

Ré-évaluez ces ressentis et décidez de ce que vous souhaitez en faire, mais ne les refusez pas, traitez les.

Il n’existe que très peu de livres pour approfondir ce sujet. Je ne peux donc que vous conseiller l’excellent ouvrage “L’activation comportementale: Traitement des évitements comportementaux et de la rumination mentale“.