Peut on vivre de la sophrologie ?

peut-on vivre de la sophrologie ? Il ne se passe pas une semaine sans qu’on m’adresse un mail ou que je lise cette question sur les réseaux sociaux.

La plupart du temps, cette question émane de personnes en reconversion. Qui sont, ou étaient, mal dans leur job. Qui cherchent une voie, un chemin de vie plus satisfaisant. Souvent, ce cheminement se fait la boule au ventre, dans l’angoisse du lendemain, de faire face au quotidien.

J’ai donc décidé de sortir un peu des sujets habituels pour tenter d’apporter un premier niveau de réponse à cette question récurrente de savoir si l’on peut vivre de la sophrologie ?.

Au préalable, et comme à chaque fois que j’exprime mon avis, je tiens à préciser que ce n’est que le mien !

Mes propos, constats et affirmations, ne sont basés que sur mon expérience. Ils ne traduisent que ce que j’ai vu et vécu depuis que j’exerce ce magnifique métier. C’était à dire plus de 12 ans.

Cependant, libre à chacun d’apporter d’autres visions, d’autres expériences. Où même de m’affirmer que je vis enfermée dans de fausses croyances…

Qu’est-ce que vivre de la sophrologie ?

Une façon d’aborder la question de savoir si l’on peut vivre de la sophrologie est peut-être déjà de définir les attentes que recouvre cette question. Sauf que c’est littéralement impossible.

En effet, nous avons toutes et tous notre vision très personnelle, nos attentes. Pour certains, le niveau attendu sera haut. Soit qu’il reflète un niveau de vie passé que l’on souhaite maintenir. Soit il est le fruit d’une motivation sans faille ou d’un l’ego démesuré. Enfin, trop souvent, il reflète les rêves nés du beau discours commercial des écoles.

Pour d’autres, les besoins sont plus modérés. Nous sommes dans sobriété. Vivre de la sophrologie, c’est être capable de payer ses factures, de manger à sa faim et d’assurer une vie sociale. C’est aussi le cas de celles et ceux pour qui la sophrologie est un métier secondaire.

Dans un autre ordre d’idée, certains n’attendent rien de la sophrologie pour vivre. Ils ou elles disposent d’un niveau de vie suffisant et ne l’exercent que par plaisir et passion. Bien souvent, ces personnes ne pratiquent que pour eux-mêmes ou pour des amis et des proches.

Bref, il existe autant de façons de décrire ce que signifie « vivre de la sophrologie », qu’il y a de sophrologues. Par conséquent, la véritable question est celle de l’adéquation entre ses attentes et la capacité du métier à y répondre.

Peut-on y arriver et en combien de temps ?

Quand elle est posée sur les réseaux sociaux, la question de savoir si l’on peut vivre de la sophrologie provoque généralement 3 types de réponses qui reflètent bien toute l’ambiguïté de la situation.

Les 3 types de réponses classiques

En premier lieu, il y a la « Oui, bien sûr, sans problème ». Mais bien souvent, ces affirmations précèdent une proposition de formation, le panégyrique d’une méthode supposée infaillible pour attirer X clients par semaine ou celle qui vous rendra hyper attractive et vous facilitera la vie. Il y a trop peu de sophrologues qui réussissent à vivre confortablement de leur métier et qui acceptent d’en parler. D’expliquer comment ils ont fait pour vivre de la sophrologie. La raison à cela tient plus souvent de la peur de la concurrence que de la modestie. Et quand on sait le travail qu’il faut parfois fournir, on peut le comprendre. Mais nous reviendrons sur ce sujet.

Ensuite, on peut entendre celles et ceux pour qui il est impossible de vivre de la sophrologie ! Cette réponse reflète souvent un échec ou une mauvaise expérience. Est-ce que c’est de leur faute ? Est-ce un concours de circonstances ? Une mauvaise préparation ? Le mauvais moment ou le mauvais lieu ? Personne ne peut juger. Ils ont essayé et c’est déjà remarquable. Tout le monde n’est pas fait pour entreprendre.

Sophrologue et entrepreneur

Car, oui, c’est bien là une chose trop souvent oubliée. Vivre de la sophrologie, c’est avant tout être un entrepreneur et faire vivre une société. Avec ses contraintes, ses obligations. Ses charges. Le métier de sophrologue est multiple. Il se compose :

  • De vos rendez-vous en cabinet, groupes ou interventions en entreprise, association…
  • De la partie commerciale pour vous faire connaître et développer votre activité.
  • De la partie administrative, pour suivre votre comptabilité, vos charges, vos déclarations…
  • De la partie formation pour continuer à développer vos compétences et savoir-faire.

Enfin, il y a tous les autres. Ceux qui vous encouragent et vous disent combien c’est difficile, mais que l’on peut arriver à vivre de la sophrologie à force de travail et d’organisation.

Au bout de combien de temps peut-on vivre de la sophrologie ?

Le temps est souvent un facteur important, surtout quand on est en reconversion. En effet, les temps d’indemnisation sont courts. La formation coûte beaucoup d’argent. Il faut donc réussir à en vivre rapidement.

Ajoutez à cela que le financement de la formation est très souvent lié à la capacité du métier à vous permettre d’en vivre. Il faut donc monter un business plan dans lequel on rogne sur les temps de formation et l’on est très optimiste. Mais c’est oublié que les chiffres sont têtus. L’étude sur le métier de sophrologue qui est menée tous les ans montre qu’il faut entre 2 et 5 ans pour se construire une clientèle stable.

Sauf bien entendu si vous bénéficiez déjà d’un réseau d’amis ou de relations qui vous permettra de vous faire connaître très rapidement auprès d’une clientèle potentielle. En effet, comme nous l’avons vu précédemment,vivre de la sophrologie, c’est aussi savoir faire connaître son activité.

Comment vivre de la sophrologie ?

Encore une fois, je ne peux que partager quelques pistes. En effet, vivre de mon métier est un travail de tous les jours, voire de chaque instant.

D’abord, il me semble important d’apprendre à faire la différence entre vivre de la sophrologie et vivre des sophrologues.

Vivre de la sophrologie ou vivre des sophrologues ?

Comme nous l’avons vu plus haut, ils seront nombreux à vous proposer des formations d’exception, courtes, mais aussi complètes que celles qui durent 2 ans. Et puis il y a le RNCP. Et si cela ne suffit pas, la norme NF S99-805.

Par la suite, quand vous aurez du mal à lancer votre activité et que vous serez à la recherche de solutions, d’autres viendront vous proposer des formations complémentaires, des méthodes, des gadgets.

Bref, vous l’aurez compris, il y a un marché. Vivre des sophrologues, de leur peur d’un échec, de leurs questionnements, de leur manque de confiance en soi est devenu un métier à part entière. Les clients sont plus faciles à trouver que pour des séances individuelles et c’est souvent bien plus lucratif.

J’ai été l’une des premières à partager mon expérience sur la création de ma société et son fonctionnement. J’ai proposé le Guide d’Installation du Sophrologue à un prix modique, uniquement pour couvrir les frais d’hébergement, et en offrant la mise à jour à vie. Je n’ai jamais voulu que cela devienne un business. Aujourd’hui, ce guide a été pillé, copié et utilisé pour bâtir des formations vendues trop chères et souvent animées par des personnes sans expériences. Chacun doit vivre avec sa conscience et son éthique. C’est plus facile pour certains que pour d’autres.

L’essentiel c’est vous

Vivre de la sophrologie, c’est un choix, fait en conscience et en connaissance. Je suis toujours effarée du nombre de personnes qui souhaitent se reconvertir dans la sophrologie sans jamais avoir expérimenté la méthode.

Vivre de la sophrologie, c’est travailler avec l’humain. Celui de vos clients, mais aussi avec le vôtre. Cela demande de l’humilité et de l’attention. Notre métier ne se résume pas à dérouler des séances préformatées. Il existe un principe fondamental, c’est celui de réalité objective. Il demande à s’adapter à son client. Et pour cela il faut être formé, autonome et continuer à travailler sans cesse pour développer son savoir-faire.

Vivre de la sophrologie, c’est savoir communiquer et se faire connaître pour faire vivre et développer sa petite entreprise. Mais attention, pas sur les réseaux sociaux, cela n’apporte aucune clientèle. Il faut aller au contact, développer son réseau, faire des rencontres. Accepter d’échanger, de prendre des risques et de se tromper. Si ce n’est pas votre cas. Que vous n’y comprenez rien. Si le commercial vous rebute… soyez conscient que cela va être très difficile.

Vivre de la sophrologie, c’est être un(e) entrepreneur et savoir ce que vous avez envie de faire. Que vous connaissez le potentiel et la concurrence là où vous souhaitez vous installer. Que vous ayez une vision précise de ce que vous coûte votre travail et donc du tarif auquel vous allez le vendre. C’est aussi anticiper et être réaliste sur les très faibles revenus que cela génère. Il faut accepter l’éventualité d’un travail salarié à côté.

Enfin, vivre de la sophrologie, c’est avoir confiance en soi et aimer ce que chaque rencontre vous apporte.

C’est au prix de ces efforts et acceptations qu’il est possible, pour la plus part, de vivre de la sophrologie.