l'imagerie mentale et la visualisation

L’imagerie mentale et la visualisation font partie des outils les plus utilisés par le sophrologue. Nous les utilisons dans des domaines très différents.

Pourtant, qui n’a jamais entendu cette phrase assenée dès les premières minutes : “moi, je ne vois rien” ou encore, “je vous préviens, je ne suis absolument pas réceptif”.

Pourtant, nos cerveaux fonctionnent, à quelques exceptions, de la même façon. Aussi, les mêmes personnes découvrent avec plaisir que l’imagerie mentale et la visualisation “fonctionnent” aussi chez eux.

En effet, tout est dans la manière d’appréhender la chose. Il faut souvent apprendre à laisser son cerveau fonctionner, à le stimuler. Mais il faut aussi accepter de découvrir ce qu’il vous transmet, sans s’attendre à un stéréotype.

C’est donc un peu le “manuel perdu” de l’imagerie mentale que je vous propose aujourd’hui.

Créer les conditions

En premier lieu, et même si cela a déjà été dit, il me semble important de rappeler que nous avons tous cette capacité à utiliser l’imagerie mentale et la visualisation. Toutefois, il me semble intéressant de savoir ce que ce terme recouvre.

Effectivement, si l’on s’arrête au terme “imagerie”, nous nous attendons à un effet “visuel”. Nous imaginons – ou voyons – une image qui serait projetée dans notre esprit comme sur un écran de cinéma.

Bonne nouvelle, si cette image vous “parle” et qu’elle a créé en vous une “vision”, que vous avez “vécu” cette scène dans votre esprit en la lisant. Alors vous avez déjà un exemple du pouvoir évocateur de l’imagerie mentale et de la visualisation.

L’imagerie mentale fait appel à nos sens

Mais nous ne sommes pas tous aussi sensible au pouvoir évocateur de l’image. Heureusement, l’imagerie mentale et la visualisation se décline selon trois modes :

  1. Visuel : le plus connu, qui fait appel à des images qui se projettent dans notre esprit;
  2. Auditif : stimulé par un son, une musique;
  3. Kinesthésique : ici c’est le touché, la sensation tactile qui évoque des souvenir.

Toutefois, vous l’avez certainement vécu, ces différents modes s’exercent souvent simultanément. De même, ils font appel à l’ensemble de nos sens.

Ainsi nous avons tous nos “madeleine de Proust”. Qui n’a jamais eu le souvenir ému d’un moment particulier de sa vie à l’écoute d’une musique ?

Ne vous est-il jamais arrivé de revivre ce moment dans ses moindres détails ? De sentir à nouveau les odeurs d’un été ? D’avoir le goût d’un fruit ou d’un plat de votre enfance ?

Le fait de toucher un tissus, une pierre ou un objet particulier n’a-t-il jamais réveillé en vous des images et des odeurs du passé ?

Voilà comment fonctionne l’imagerie mentale et la visualisation. Ces technique ne s’arrêtent pas à l’évocation picturale. Il faut parfois l’ouvrir à d’autres sens pour l’activer.

Stimuler la visualisation

Toutefois, il faut admettre que nous sommes pas tous égaux vis-à-vis de l’imagerie mentale et la visualisation. Néanmoins, cette inégalité peut très facilement se combler.

En effet, notre cerveau a des capacités extraordinaire d’apprentissage. Plus vous le faites travailler, plus il est disposé à le faire. L’imagerie mentale et la visualisation se travaillent. Il existe des exercices très simples pour commencer.

Toutefois, des études montrent qu’il est préférable de commencer cet apprentissage avant d’avoir à faire face à trop de stress ou de douleurs. En effet, une fois le stress ou la douleur installés, ils accaparent l’esprit. L’apprentissage devient alors plus difficile.

Il est donc nécessaire de pratiquer, pratiquer, pratiquer. N’attendez pas d’être avec votre sophrologue pour travailler l’imagerie mentale et la visualisation.

Si cela vous aide, n’hésitez pas à stimuler le processus : musique, odeur, objet… en phase d’acquisition tout est bon pour vous aider. Plus tard, une fois le processus acquis, il sera temps de vous recentrer et d’abandonner ces “facilitateurs”.

Mises en garde sur la visualisation et l’imagerie mentale

Si la visualisation et l’imagerie mentale sont des outils puissants dans la gestion du stress et de la douleur, ils n’en comportent pas moins des limites.

En premier lieu, ces techniques ne sont pas des recettes de cuisine qu’il est possible de répéter à l’infini. La visualisation, comme toute les techniques utilisées en sophrologie, n’aura pas les mêmes résultats selon les individus. De même, une même visualisation produira des effets différents sur un même individu en fonction de son état.

De même, Epstein dans son livre “Ces visualisation qui nous guérissent” nous met en garde sur le fait de trop anticiper l’effet de de la visualisation et de l’imagerie mentale dans le traitement de la souffrance :

N’avez-vous pas remarqué que plus vous vous acharnez, plus vos souffrances vous pèsent ? Quand les espoirs ne se réalisent pas, on est déçu et de plus en plus désespéré et désemparé.

Ne vous demandez donc pas combien de temps cela va prendre. Mettez tout simplement en pratique vos exercices et soyez constant dans vos efforts.

C’est là aussi que l’accompagnement de votre sophrologue montre tout son intérêt par rapport à un simple livre, des vidéos ou des enregistrements.

Carl ROGERS a démontré l’importance de ce lien, de cette alliance qui s’établie entre les personnes. C’est une composante essentielle de la communication.

Ouvrez-vous à lui si certains exercices sont plus difficiles à faire par vous-même. Il s’aura écouter et s’adapter. Il vous proposera des réponses à vos problématiques spécifiques.

Les limites de l’exercice

Pour conclure cet article, il me faut aborder les limites de ces technique. La première peut paraître évidente, mais je me dois de la rappeler.

Il est nécessaire de prendre la plus grande prudence avec les personnes qui souffrent de problèmes graves de santé mentale.

Rappel

Le Sophrologue ne concurrence pas les professionnels de la santé.

Il ne pose pas de diagnostic, n’influence pas les choix thérapeutiques de ses clients et n’interfère pas dans les traitements en cours.

Il dirige sur un thérapeute compétent et dûment qualifié le client qui nécessite une aide qui ne relève pas de ses compétences.

Dans ces conditions, l’imagerie mentale et la visualisation ne peuvent être utilisées que sous supervision médicale.

La seconde limite porte sur l’état dans lequel vous vous trouvez au moment de pratiquer la visualisation. Si vous êtes trop anxieux ou agités, il est conseillé de commencer par d’autres exercices.

Dans ces conditions, vous pouvez utiliser des techniques de respiration ou de méditation  qui vous permettront de retrouver un état plus propice.

 

Bibliographie :

Le développement de la personne – Carl Rogers 1968 – InterEditions

Le phénomène de la douleur – Marchand 2009 – Éditions Masson

Ces visualisations qui vous guérissent – Epstein 2008 – Jouvence Poche