Ces croyancesDès les premières heures du jour, une question silencieuse nous attend au réveil : pourquoi me lever ce matin ?

Pour certains, la réponse est évidente. Pour d’autres, elle se dérobe, floue et silencieuse. Pourtant, derrière chaque lever, chaque geste, chaque reprise du souffle quotidien, il y a une force invisible, profondément humaine : la croyance.

Parce que oui, la croyance n’est pas réservée aux dogmes religieux. Elle est ce lien intime, parfois fragile, entre notre monde intérieur et la réalité.

Elle donne du sens, oriente les choix et soutient l’effort. De plus, elle agit comme un puissant levier de motivation, particulièrement quand tout semble s’effondrer.

Le matin : ce seuil fragile entre inertie et volonté

Chaque matin est un recommencement. Pourtant, certains jours, l’envie n’est pas là. Le corps est lourd, le cœur incertain. Que l’on soit en pleine tourmente personnelle, en quête de sens ou simplement épuisé, une sensation s’installe : celle de ne pas savoir pourquoi poursuivre.

Et si la réponse ne résidait pas dans les actions elles-mêmes, mais dans ce qui les fonde ?

Derrière la motivation se cache une conviction : une croyance personnelle, intime, souvent inconsciente. Pour Marie, 43 ans, mère célibataire et cadre de santé, c’est la conviction que « chaque jour est l’occasion de transmettre un peu de lumière à ses enfants ». Pour Ali, 52 ans, en reconversion professionnelle, c’est la foi dans l’idée que « tout a un sens, même les échecs ».

Ainsi, ces croyances ne sont pas des illusions : elles sont des piliers.

Elles ne suppriment pas les difficultés. Cependant, elles donnent une raison d’y faire face.

Une croyance forte, un levier durable de motivation

D’un point de vue psychologique, croire, c’est investir de l’énergie mentale dans une représentation du monde. Il peut s’agir de croire en un Dieu, en l’amour, en la résilience, en un idéal professionnel, en l’humain, ou même en un destin.

Peu importe l’objet : c’est la fonction de la croyance qui compte. Car croire, c’est espérer. C’est aussi structurer sa réalité.

Selon les travaux de Viktor Frankl, psychiatre autrichien et rescapé des camps de concentration, le sens que l’on donne à sa vie — souvent nourri par une croyance profonde — est ce qui permet de traverser les pires situations.

Dans « Découvrir un sens à sa vie », il écrit :

« Ceux qui ont une raison de vivre peuvent supporter presque n’importe quel comment. »

Ainsi, la croyance donne cette raison d’avancer. Et des études plus récentes confirment ces constats. Ainsi, l’université de Yale (2020) a démontré que les personnes animées par des croyances existentielles fortes présentent un niveau de résilience supérieur face à la dépression. Leurs niveaux de cortisol, l’hormone du stress, sont plus bas le matin. Leur sommeil est de meilleure qualité. Leur rapport à l’avenir est plus optimiste.

De fait, les croyances influencent aussi sur notre biologie.

Pourquoi avons-nous besoin de croire ?

Psychologiquement, croire est un besoin fondamental. Il s’agit d’un mécanisme qui dépasse la simple adhésion intellectuelle. Le psychiatre Boris Cyrulnik parle d’une « armature mentale » construite dès l’enfance. Cette structure permet de donner du sens à ce que nous vivons, d’organiser le chaos du monde.

Selon la théorie de l’attachement de John Bowlby, les premières croyances se forment dans la relation à la figure d’attachement. Si celle-ci est sécurisante, l’enfant développe une croyance fondamentale en la fiabilité du monde et des autres. À l’inverse, les ruptures, les abandons ou les traumatismes peuvent entraîner des croyances limitantes : « je ne mérite pas », « je ne peux pas faire confiance », « la vie est injuste ».

Or, ces croyances inconscientes continuent d’influencer nos comportements adultes. Elles modèlent nos réactions face à l’échec, notre capacité à nous relever, notre façon de nous projeter.

Mais bonne nouvelle : les croyances ne sont pas figées.

La psychologie cognitive, avec Aaron Beck ou Albert Ellis, a montré que nous pouvons les identifier, les interroger, les transformer. Ce travail, au cœur de nombreuses approches thérapeutiques, permet de faire émerger des croyances ressources : « j’ai de la valeur », « je peux changer », « il y a toujours une solution ».

Comment cultiver des croyances qui soutiennent vos matins ?

Alors, comment (re)trouver ces croyances qui vous donnent envie d’ouvrir les yeux le matin ?

Voici quelques pistes, simples mais puissantes.

Identifiez vos croyances actuelles

Tout d’abord, prenez un moment de silence et posez-vous cette question : « Qu’est-ce que je crois, vraiment, sur moi, sur la vie, sur les autres ? » Écrivez spontanément, sans filtre. Vous serez surpris de découvrir la force de certaines idées que vous portez sans les avoir choisies.

Distinguez les croyances limitantes des croyances soutenantes

Ensuite, parmi vos réponses, repérez celles qui vous paralysent : « je suis trop vieux », « personne ne m’écoute », « ça ne changera jamais ». Ce sont des croyances limitantes. En parallèle, notez les phrases qui vous portent : « j’ai déjà surmonté pire », « je peux apprendre », « chaque jour compte ».

Conservez ces dernières comme des repères.

Ancrez une nouvelle croyance dans un rituel

Puis, faites vivre votre croyance dans un geste. Chaque matin, vous pouvez répéter une phrase clé, associée à un mouvement (respiration, étirement, regard par la fenêtre). Par exemple : « Ce jour a du sens, même s’il m’échappe pour l’instant. » Cela crée une routine mentale, un ancrage émotionnel.

Inspirez-vous des autres

Par ailleurs, les récits de personnes ayant traversé des épreuves peuvent réactiver votre propre force. Lisez, écoutez, discutez. Une croyance peut naître d’un mot, d’un échange, d’une histoire.

Travaillez vos croyances avec un professionnel

Enfin, certaines croyances sont si ancrées qu’elles nécessitent un accompagnement. Le travail avec un psychologue ou un sophrologue peut vous aider à reprogrammer votre dialogue intérieur. La sophrologie, en particulier, permet d’explorer vos croyances par le corps, l’imaginaire et la conscience.

Croire, ce n’est pas fuir la réalité. C’est la ré-enchanter.

Dans un monde incertain, croire est un acte de résistance. Ce n’est pas nier la difficulté, ni se réfugier dans l’illusion. C’est choisir, en conscience, de voir la vie comme un mouvement possible.

Une croyance est un pari. Elle n’offre aucune garantie, mais elle ouvre un chemin. Et ce chemin, c’est celui de la reprise. Du courage. Du levier qui fait basculer l’inertie en élan.

De plus, ce que vous croyez détermine ce que vous êtes prêts à tenter. Car ce que vous espérez conditionne ce que vous osez.

Alors, demain matin, quand la lumière douce traversera votre rideau, peut-être vous souviendrez-vous de cette simple idée : vos croyances sont votre énergie.

Elles n’ont pas besoin d’être parfaites. Elles ont juste besoin d’être vivantes.

Pour aller plus loin

Voici quelques lectures pour approfondir ce sujet :