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honte et culpabilité

La honte est, par nature, l’un des sentiments les plus complexes qui soit. Elle est faite d’un mélange d’émotions et de sentiments

Elle est un sentiment ambivalent susceptible de se manifester autant par des comportements destructeurs, que par une puissance créatrice.

Comprendre la honte, pourquoi nous la ressentons, quelles en sont les origines, reste le meilleur moyen d’y faire face, d’éviter le pire et d’en tirer le meilleur.

Elle est souvent confondue avec la culpabilité, avec qui elle partage certaines manifestations. Pourtant, ces deux sentiments ont des origines bien différentes.

Aussi, dans ce premier épisode, je vous invite à redécouvrir ce qui se cache derrière ce que vous ne voulez pas voir…

Qu’est-ce que la honte ?

Si nous avons déjà tous eu honte un jour, il n’est pas toujours facile de décrire ce sentiment tellement il est polymorphe.

Le dictionnaire Larousse propose 3 définitions de la honte, toutes sous forme d’un descriptif de situation :

  1. Un sentiment d’abaissement, d’humiliation qui résulte d’une atteinte à l’honneur, à la dignité.
  2. Sentiment de gêne dû à la timidité, à la réserve naturelle, au manque d’assurance, à la crainte du ridicule, etc., qui empêche de manifester ouvertement ses réactions, sa manière de penser ou de sentir.
  3. Le sentiment d’avoir commis une action indigne de soi, ou crainte d’avoir à subir le jugement défavorable d’autrui.

Si on se base sur les résultats, les ressentis issus de ces 3 situations qui servent de définition, on comprend alors que la honte est un sentiment complexe. Elle mélange des émotions simples (peur, colère, tristesse) et des sentiments (impuissance, rage retenue, désespoir triste, vide…)

Par ailleurs, on constate que la honte a dimension sociale : la sensation d’être rabaissé sous le regard des autres, la honte de ce que l’on est. Elle ne se ressent et ne s’exprime que dans une relation à l’autre ou au cadre dans lequel on évolue.

Ses conséquences

Chacun réagit différemment à ces émotions et sentiments. En fonction de la personnalité, du moment, du contexte, la honte peut produire des comportements totalement antagoniques :

  • Un comportement autodestructeur, basé sur la dévalorisation de soi.
  • Un comportement créatif et combatif, visant à une reconquête de l’estime de soi.

Dans ces conditions, on comprend aisément que la honte, non seulement produise 4 réactions caractéristiques liées à ces émotions et sentiments. Mais qu’en plus, chacune puisse s’exprimer de façon négative ou positive.

Ainsi on retrouve des réactions :

  • Émotionnelles : gêne, malaise, peur… ou à l’inverse exubérance et agressivité.
  • Corporelles : yeux baissés, tête basse, rougissement… ou à l’inverse tête haute, regards de défis, position de défense.
  • Cognitives : discours interne dévalorisant, de soumission… ou à l’inverse incisif et vindicatif.
  • Comportementales : inhibition, paralysie… ou à l’inverse ambition et exhibitionnisme. Nous reviendrons sur ce point plus tard.

Ces différentes réactions permettent de dresser une liste de caractéristiques propre à la honte.

Une blessure narcissique

En premier lieu, la honte est une blessure grave de l’estime de soi. Elle laisse celui qui la subit seul face à une souffrance morale. Elle provoque souvent un repli sur soi-même.

De fait, elle peut passer totalement inaperçue et être ignorée de l’entourage ou, au contraire, se lire dans nos attitudes corporelles et provoquer un rejet encore plus grand lié à l’incompréhension.

La dimension corporelle de la honte

La honte a une dimension corporelle. Elle est très souvent associée au thème de la sexualité et de l’image de soi par le corps.

Quand je parlais d’exhibitionnisme, c’était au sens large. Il peut être social et se caractériser par un besoin de montrer sa réussite, sa richesse, son pouvoir.

Mais aussi au sens plus commun de montrer son corps, sa musculature ou ses organes sexuels. Dans tous les cas, cette démarche repose sur un manque d’acceptation de soi et un besoin de se sentir exister.

Un phénomène semblable existe chez les personnes souffrant de troubles alimentaires. Que ce soit pour l’anorexie ou la boulimie, la honte fait trop souvent partie du quotidien.

Une dimension visuelle

Qui, dans ces situations, n’a jamais rêvé de disparaître, de s’évaporer ou de se glisser sous le tapis. La peur d’être vu, de montrer, de se montrer font partie du processus de la honte.

Honte ou culpabilité ?

Il y a souvent confusion entre honte et culpabilité. Pourtant, ces deux sentiments reposent sur des bases très différentes.

En effet, la honte repose sur une dimension sociale, un rapport à l’autre. À l’inverse, la culpabilité repose un sentiment causé par la transgression d’une norme morale.

Ainsi, là où la honte provoque une souffrance relationnelle et le désir de disparaître, la culpabilité entraîne des remords, la volonté de réparer la faute. La culpabilité nous pousse à aller vers la “victime”. À leur témoigner de l’empathie.

Les deux facettes de ce sentiment

La honte possède de très nombreux aspects négatifs. Pourtant, étonnant que cela ne paraisse, elle a également des aspects positifs.

Dans le prochain volet, nous découvrirons les ressources insoupçonnées de la honte. Comment elle peut nous aider à trouver notre place et ce qu’elle peut nous apporter en matière de développement personnel.

 

Bibliographie de la honte :