Bonheur au travail ou bien-être au travail : utopie Vs réalité ?

Le bonheur au travail, comme le bien-être, est un sujet qui revient régulièrement dans l’actualité.

Comme beaucoup d’autres, ces sujets sont clivants.

Certains défendent le bonheur au travail, ou le bien-être, avec un intérêt parfois très différent de celui auquel nous pourrions nous attendre.

À l’inverse, d’autres considèrent ces sujets comme une farce cynique.

Dans un autre ordre d’idée, la différence entre bonheur et travail et bien-être ne semble pas toujours très nette. Si différence il y a, quelle est-elle ?

Pour finir, quel rôle avons-nous à jouer, nous les sophrologues et autres thérapeutes qui interviennent en entreprise ?

Ce billet ne prétend pas couvrir l’intégralité des sujets soulevés. Les aspects sociaux, psychologiques et économiques qu’ils impliquent sont bien trop nombreux. Cependant, j’espère en toute simplicité, qui ouvrira une réflexion fondée sur des éléments factuels.

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L’engouement pour le bonheur au travail

La grande passion des médias pour le bonheur et le bien-être au travail a connu son apogée entre 2011 et 2019. Il fait suite à la publication d’une étude menée conjointement par le Massachusetts Institut of Technology (MIT) et l’université d’Harvard.

L’un des principaux éléments mis en avant par ceux qui ont utilisé cette étude comme référence étant que : “les salariés heureux sont deux fois moins malades, 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs”.

Mais, pour comprendre tout l’effet de cette annonce sur le bonheur au travail, il faut rappeler le contexte. Trois ans après la crise des subprimes, l’année 2011 est celle d’une crise de la dette et d’un nouveau crack boursier. Le moral des cadres tombe au plus bas et ne remontera pas avant 2016 ou 2017.

Nul besoin d’avoir fait de longues études en psychologie ou en économie pour savoir que le moral des cadres joue un rôle important dans l’économie et la consommation. Il faut donc faire tout ce qui est possible pour le maintenir. Ainsi, cette étude est apparue comme un phare dans la nuit, une véritable bouée de secours. À moins que ce ne soit une planche pourrie…

Un pas de côté

Comme à mon habitude, je vous invite à faire un pas de côté pour aborder le sujet sous un angle différent de celui qui l’on veut bien vous montrer.

Pour commencer, je vous invite à bien relire cet élément de conclusion mis en avant : “les salariés heureux sont deux fois moins malades, 31 % plus productifs et 55 % plus créatifs”.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’élément principal n’est pas le bonheur au travail du salarié ! Non, c’est le fait qu’il soit deux fois moins malade, plus productif et plus créatif.

Dans ces conditions, le bonheur au travail n’est qu’un moyen, un outil, pas un objectif. Personne ne cherche à l’accroître ni à le multiplier. Il faut juste qu’il soit suffisamment présent pour générer les effets escomptés. Et cela change tout !

Maintenant, je vous propose quelques éléments de réflexion sur la relation entre travail et bonheur. Mais, pas d’inquiétudes, je vous épargne le couplet sur la pseudo étymologie du mot travail. En effet, je préfère revenir et compléter en quelques mots le billet paru il y a quelques années sur cette relation étrange.

Lien entre travail et bonheur

Le travail est-il source de bonheur ? Une éternelle question philosophique à laquelle chacun aura sa réponse. Les mots qui vont suivre sont donc les miens et n’ont d’autre valeur scientifique, morale ou philosophique, que celle que je leur donne.

Pour moi, le postulat initial est qu’il n’existe pas de bonheur universel qu’il est possible de théoriser et standardiser. Chacun a sa propre définition du bonheur. C’est une alchimie complexe qui fait appel autant à la vie privée qu’à la vie professionnelle.

Dans ces conditions, le bonheur au travail ne peut être considéré que comme l’un des ingrédients de notre bonheur. Mais un ingrédient important, qui peut y contribuer autant que s’y opposer, bien au-delà de l’aspect matériel et financier.

En effet, quand il apporte du sens, permet de développer un savoir-faire et offre une certaine autonomie, le travail concourt au bonheur. Il procure le sentiment d’être utile, il nous permet de grandir, de nous épanouir et de développer une vision positive de soi même. Ces éléments, associés à d’autres plus personnels, nous aident à construire notre bonheur.

A l’inverse, trop présent, sans aucun sens ni intérêt, il sera un frein. Certains le contourneront en retrouvant le sens, l’autonomie et la maîtrise ailleurs, dans d’autres activités. D’autres s’engageront dans les voies du burn-out.

Avant de conclure ce sujet, n’oublions pas ceux qui se réfugient dans le travail pour fuir leur vie privée. Cela montre bien toute la complexité du sujet. Le travail n’est qu’une partie de l’équation complexe du bonheur.

Bonheur au travail et sophrologie

Quel rôle les sophrologues et autres thérapeutes intervenant en entreprise peuvent-ils jouer dans cette quête du bonheur au travail ?

J’entends déjà mes collègues protester et je sais que je vais créer de nombreux remous, mais soyons honnêtes : aucun ! Par contre, nous avons tout notre intérêt dans la mise en œuvre d’actions de bien-être. Ce qui est totalement différent.

En effet, comme nous l’avons vu, la notion de bonheur dépasse très largement le cadre de l’entreprise.

Par ailleurs, l’étude utilisée comme justification ne porte pas sur la recherche du bonheur au travail pour le salarié. En effet, son titre d’origine est “Effects of Positive Practices on Organizational Effectiveness”, ce qui se traduit par “Effets des pratiques positives sur l’efficacité organisationnelle”. Elle recherche les pratiques susceptibles d’augmenter l’efficacité de l’organisation.

Aussi, les pratiques positives dont il est question sont des pratiques managériales. C’est-à-dire la façon dont l’encadrement interagit avec les salariés. La façon dont la stratégie d’entreprise est déclinée.

Bref, ce ne sont pas des éléments sur lesquels nous pouvons espérer avoir le moindre impact… quoi que !

La véritable action du sophrologue en entreprise

Alors que pouvons-nous apporter ? Quel est notre champ d’action ? Quelle valeur ajoutée à nos interventions ?

La réponse à ces questions est simple : nous agissons au niveau de la personne, du salarié. Nous lui apportons des techniques et des outils pour lui permettre de gérer les situations stressantes. D’en réduire les impacts sur sa vie personnelle. À prendre sa place au sein du groupe.

Ces actions ne font que contribuer à un tout, d’où peut émerger un style de management bienveillant. Des relations de travail apaisées, où chacun communique avec l’autre et d’où l’intelligence collective peut retrouver sa dynamique.

Mais restons humbles et réalistes. Nous n’apporterons pas le bonheur au travail. Nous ne faisons que participer au bien-être individuel. Nous ne sommes pas la solution, mais simplement un élément facilitateur.