Manipulation sentiment culpabilitéLa manipulation se cache parfois là où on l’attend le moins. Ainsi, même si on refuse souvent de l’admettre, se faire manipuler ne consiste pas toujours à se retrouver à commander des articles inutiles à des prix exorbitants.

En effet, la manipulation se fait souvent plus discrète, plus intime, au sein du couple ou de la famille. Dans un autre ordre d’idée, au travail elle remplace souvent l’explication et la persuasion qui devraient être les deux modes d’action des managers.

Cependant, indépendamment du contexte ou de l’objectif recherché, ces manipulations reposent souvent sur les mêmes rouages : la dépendance et le sentiment de culpabilité.

Théorie de la manipulation

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours complet et détaillé sur le sujet. D’abord, j’en serais totalement incapable. En suite, parce que d’autres l’ont fait de façon claire et accessible au plus grand nombre. Si c’est ce que vous recherchez, je vous invite à vous plonger dans l’excellent “Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens” de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois.

C’est certainement l’un des ouvrages de référence en la matière. Vous y trouverez l’ensemble des techniques qui nous manipulent à notre insu depuis des années. La dernière édition s’est enrichie d’un nouveau chapitre très instructif que je vous laisse découvrir…

Bref, impossible donc de faire le tour de la question en quelques lignes. Je vais donc me concentrer sur l’un, si ce n’est LE mécanisme de base : le sentiment de culpabilité.

Créer la dépendance pour amener la culpabilité

Connaissez-vous le principe de la réciprocité en psychologie ? Même si ce nom ne vous parle pas, vous y avez déjà été confronté.

C’est ce principe qui fait que vous aurez du mal à refuser un cadeau, d’où qu’il vienne et quelle que soit la personne qui vous l’offre… et que vous vous sentez obligé, à votre tour d’en faire un en retour. C’est le fameux “donnant-donnant” qui assure la paix sociale. Mais c’est aussi le début de la manipulation.

En effet, il suffit alors de reprocher à l’autre, même de façon implicite et détournée, de ne pas donner autant qu’il a reçu. Parce que cette règle de réciprocité est profondément ancrée dans nos schémas sociaux et nos principes moraux, y déroger provoque un sentiment de culpabilité.

En pratique, les choses sont très simples : le manipulateur commence par offrir ses services, son aide ou une attention, quelle qu’en soit la forme. Il ou elle semble totalement désintéressée. Ses actes sont simplement guidés par la générosité et le plaisir d’apporter de l’aide à qui en a besoin.

Or, s’il est difficile de refuser de l’aide, surtout quand on a besoin, il est encore plus difficile de refuser la sienne dans ces conditions. Le principe de réciprocité vous incite à ce que les choses s’enchaînent naturellement, de façon automatique. C’est le principe du “pied dans la bouche”

La technique du “pied dans la bouche”

Bon, avant d’aller plus loin, il me semble nécessaire de vous expliquer ce nom étrange. Le livre de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois passe en revue toutes les techniques psychologiques de manipulation, de la plus simple à la plus complexe.

Pour illustrer la première technique, les auteurs font référence à la vieille technique des vendeurs en porte à porte : le pied dans la porte. Ce pied ne fait pas que bloquer la fermeture de la porte. Par convention sociale, vous ne pouvez pas porter atteinte physiquement à la personne. Résultat, vous écoutiez le camelot… et parfois achetiez. Par extension, l’ensemble des techniques présentées se réfère donc à un pied.

Cette technique du “pied dans la bouche” repose, ici aussi sur des conventions sociales et leur activation automatique. En effet, nos conventions sociales offrent de multiples opportunités de donner de l’attention à quelqu’un.

Imaginez, demain matin, je vous appelle et vous dis : “Je suis heureuse de vous parler. Comment allez-vous aujourd’hui ?” Que me répondrez-vous ? Certainement que ça va et que vous aussi êtes heureuse/heureux de me rencontrer. Et là, il me suffira d’utiliser une phrase du style “Je suis très heureuse de savoir que cela va bien pour vous, car je vous appelle pour aider/venir en aide… »

Bref, je joue sur une opposition au fait que vous alliez bien pour vous demander quelque chose. Par conséquent, il devient difficile de ne pas me prêter autant d’attention que je ne vous en ai porté. Le système est enclenché. Il ne me reste plus qu’à continuer à jouer sur votre sentiment de culpabilité pour vous amener où je le souhaite.

Estime de soi : une arme anti-manipulation

Bien sûr, cet exemple est anecdotique. Je l’ai pris, car c’est le plus connu et le plus utilisé par toutes ces personnes qui vous accostent dans la rue pour vous proposer de signer une pétition pour une cause qui vous paraît injuste… avant de réussir à vous décider à faire un don.

Mais la manipulation est parfois plus lente, plus insidieuse. Elle repose en général sur le sentiment de culpabilité. Contrairement à la culpabilité, qui se démontre et implique une justice, le sentiment de culpabilité est totalement subjectif. Plus ce sentiment sera important, plus il sera facile d’utiliser la technique de réciprocité pour vous manipuler.

Ainsi, mal entouré par des personnes qui cultivent chez vous un mal-être constant. Des personnes vous infligent des sentiments négatifs comme la honte ou la tristesse. Alors vous devenez une proie facile, car incapable de vous affirmer, de dire non quelque soit la demande, d’oublier votre besoin de liberté.

Et la seule façon de changer les choses, de stopper cette emprise est de retrouver l’estime de soi. De gagner en confiance et en autonomie. De restaurer l’image de soi pour mieux résister au sentiment de culpabilité et ne plus se faire manipuler. Votre sophrologue peut vous aider à initier ce changement et vous accompagner dans ce travail.

Il n’est pas question de vous rendre insensible ni asociale. Mais, à l’aide de techniques simples, de retrouver la confiance en vous. De vous aider à résister aux pièges de la manipulation, de vous aider à vous affirmer et garder votre libre arbitre. D’établir une autre relation avec vous-même et avec vos proches.