Le syndrome du bien-être de Carl Cederström et André Spicer est paru en 2016.
À première vue, l’on serait tenté de le classer entre un documentaire et un essai à vocation scientifique. Pourtant, la qualité principale de ce livre est de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière du bien-être.
En effet, c’est un livre atypique et à contre-courant. Un pamphlet qui fait réfléchir sur les métiers du bien-être. Mais surtout sur ce que la société de consommation et les entreprises en on fait.
Pour ces raisons, j’ai voulu le partager avec vous. J’espère qu’il vous évitera de tomber dans quelques pièges pourtant alléchants.
Présentation par l’éditeur
Vous êtes accro à la salle de sport et ne comptez plus les moutons, mais vos calories pour vous endormir ? Vous vous sentez coupable de ne pas être suffisamment heureux, et ce malgré tous vos efforts ?
Alors vous souffrez sûrement du syndrome du bien-être. Tel est le diagnostic établi par Carl Cederström et André Spicer.
Ils montrent dans ce livre comment la recherche du bien-être optimal, loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts, provoque un sentiment de mal-être et participe du repli sur soi.
Ils analysent de multiples cas symptomatiques, comme ceux des fanatiques de la santé en quête du régime alimentaire idéal, des employés qui débutent leur journée par un footing ou par une séance de fitness, des adeptes du quantified self qui mesurent ― gadgets et applications à l’appui ― chacun de leurs faits et gestes, y compris les plus intimes…
Dans ce monde inquiétant, la bonne santé devient un impératif moral. Le désir de transformation de soi remplace la volonté de changement social. La culpabilisation des récalcitrants est un des grands axes des politiques publiques, et la pensée positive empêche tout véritable discours critique d’exister.
Résolument à contre-courant, ce livre démonte avec une grande lucidité les fondements du culte du corps et de cette quête désespérée du bien-être et de la santé parfaite.
Pourquoi j’aime “Le syndrome du bien-être”
J’ai lu ce livre, le syndrome du bien-être, lors de sa sortie en 2016. Il m’a fait beaucoup réfléchir sur ma position en tant que praticienne.
En effet, il m’a ouvert les yeux sur la face “sombre” de notre métier. Pour commencer, j’ai découvert à quel point ce que je partageais ou essayais modestement de transmettre pouvait être détourné.
Ainsi, j’ai compris que prôner le bien-être à tout prix ne faisait que renforcer ce nouvel impératif moral. Il me fallait apprendre à nuancer mes propos.
Je devais faire appel à la notion de réalité objective plutôt que de viser un idéal dangereux. Faute de quoi, je participais mois aussi à renforcer le syndrome du bien-être.
Ensuite, il m’a ouvert les yeux sur la façon dont nous, les praticiens du bien-être pouvons être utilisés par certains de nos clients. Ainsi, j’ai appris à poser les bonnes questions aux entreprises et autres CE.
«vivre, c’est nécessairement faire l’expérience de la douleur et de l’échec, accepter que certaines choses peuvent nous faire défaut et, dans une certaine mesure, apprendre à faire contre mauvaise fortune bon cœur»
Au fond, ce livre a provoqué une prise de conscience. Il m’a permis de replacer l’individu au centre de mon travail plutôt que de chercher LA technique idéale.
Pour ces raisons, je le conseille à tous ceux, quel que soit leur spécialité, qui seraient, malgré eux, en mesure de participer au renforcement de ce syndrome du bien-être.
Bibliographie :
Vous retrouverez “Le syndrome du bien-être – Carl Cederström et André Spicer” directement sur Amazon.
Bonjour Sabine,
Merci pour la présentation du livre, il m’a l’air tres interessant. A force de chercher la perfection dans n’importe quel contexte, fini par nous atteindre moralement (pas seulement du bon coté). Je vais lire ce livre avec attention, merci.
Je vais lire cet ouvrage avec intérêt car effectivement ce sujet a été instrumentalisé à bien des égards dans le monde du travail notamment, je n’ai pu que le constater ces derniers mois en m’intéressant aux démarches mises en place autour de la Happy Tech notamment; il est primordial pour moi, en tant que future sophrologue, d’être attentive aux dérives possibles pour mieux les éviter. Être centrée sur la personne accompagnée me semble la clé. Bien à vous
Je l’ai lu l’an dernier. Très juste. Un.leu léger d’après mes souvenirs
Patrick Goupy, cette remarque tout à fait pertinente met en lumière l’une des nombreuses facettes de la réflexion et du questionnement provoqué par ce livre… d’où l’envie de le partager.
Sabine Pernet oui vendre est le maître mot de beaucoup de praticiens, le bien-etre fait vendre , la definition est galvaudée, fausse et utilisée a des fins mercantiles.
parfois je suis ravie d’etre un alien au mileu de tout cela, meme si cela ne sert pas mes “interets”, j’en suis presque ravie.
Ma chère Sabine, ces quelques lettres, ces deux petits mots “Mieux” et “Bien” qualifient à mon sens deux démarches bien differentes. Le “bien” être est très ancré dans l’instant présent, tres “immobile”, être Bien, se sentir Bien. Le “Mieux” être lui est bien plus dynamique et marque une volonté de changement idéalement identifié par l’individu lui même.
Si nous situons notre pratique dans le domaine du développement personnel, comme la sophrologie, il vaut mieux évoquer la notion de “Mieux” être.
Clémence Peix Lavallée Sophrologue,Luc Grzelka, Valerie Nicolas je suis également de cet avis… mais l’article ou l’introduction doivent être mal tournés. Ce qui me questionne aujourd’hui, ce n’est pas la façon dont moi je vie la sophrologie… mais ce que les autres en font et la façon dont elle est justement détournée. Je pensais que les quelques cas rencontrés étaient des exceptions, mais la tendance semble beaucoup plus générale. Non, la sophrologie ne vends rien… mais combien la vendent avec beaucoup de rêve ? Combien l’utilisent ?
Je vis une philosophie de vie, j’accompagne sur un chemin… je partage, je donne et je reçois.
J’ai la chance de ne pas avoir d’esprits fermés et intéressés parmis ceux que j’accompagne.
Je rappelle que la sophrologie ne vends rien, meme pas du rêve.
j’ai aimé la sophrologie pour sa capacité à dépasser les techniques de bien-être pour m’amener grâce à la répétition des entrainements et la multiplicité des vivances à l’art d’être bien, et à la philosophie de l’être. Cette philosophie anime ma découverte permanente dans mon quotidien. Chacun fait son chemin dans sa conscience. Avec la sophrologie, nul maitre que soi-même, pas de formule magique, nul pouvoir donner à l’autre, néanmoins quelques rencontres extra-ordinaires m’éclairant sur les qualités de bien -être à travailler en moi. C’est aussi ce process qui m’anime quand j’accompagne en entreprise ou au cabinet. Bienveillance, authenticité, congruence.
Très juste Clémence, j’adhère!
Merci pour se partage de lecture et cet article. Je vous rejoins entièrement sur cette posture délicate lorsque l’on travail dans le milieu du “bien-être” (mis entre guillemet car je trouve que ce terme défini tellement de choses aujourd’hui). Sujet intéressant pour la suite de nos pratiques auprès des clients !
Merci pour cet article
C est une réflexion que j’ ai depuis bien longtemps…
Bonjour Sabine Pernet. En quoi votre phrase que je reprends volontairement “j’ai découvert à quel point ce que je partageais ou essayais modestement de transmettre pouvait être détourné” cela veut dire ?
Stéphanie Martel, la phrase est probablement mal tournée. Cela n’a rien de personnel. Je me suis rendue compte que de plus en plus de sociétés, de journaux et autres structures commerciales réutilisaient nos techniques et nos mots pour, soit créer un véritable business, soit enfermer leurs employés dans des situations culpabilisantes. Là où, comme beaucoup d’autres, j’arrivais avec l’envie de partager du bien-être, il m’est arrivé de participer à ce que je considère, avec le recul, comme une manipulation. “On vous a donné des cours de sophro, alors ne venez plus dire que vous êtes stressés, on a fait notre job”… alors que la source de stress n’avait pas été supprimée. Ou encore : “vous avez de la sophro, vous êtes bien… travaillez plus”.
Je suis entièrement d’accord Sabine Pernet avec votre deuxième partie de réponse. Et je vous rejoins. Je commençais à me demander si c’était ma pratique qui faisait défaut.. mais pas forcément. Sujet intéressant pour la suite.
Je partage complètement votre avis Sabine Pernet le risque que je pressens est en effet une instrumentalisation, sans tomber dans la paranoïa, mais en ayant un regard lucide sur le monde de l’entreprise aujourd’hui, sur la course à l objectif et la productivité créant bien des malaises, travailler avec l’entreprise oui bien sûr mais pas n’importe comment, et sans m y perdre moi même dans mes valeurs qui me sont chères
Marie-Maïté Éhilé Je suis d’accord avec vous.
Je recherche ce genre de livre et je vais m’ empresser de le lire….en effet , depuis le début de mon installation je refuse le terme de ” bien être ” souvent associé à la sophrologie, j’ai toujours préféré mieux être!
Merci Sabine
cela m’a l’air en effet très intéressant !