douleurLa douleur est trop souvent considérée comme passagère, conséquence d’une maladie ou d’un traumatisme. Malheureusement, pour certains, la douleur se fait permanente. Elle devient une maladie à part entière.

Dans cet article, après un premier passage qui nous permettra de mieux comprendre les notions de douleur et de souffrance, je vous propose de découvrir, au travers d’une étude en cours, les apports de la sophrologie.

La sophrologie ne prétend pas guérir ces douleurs ni aucune autre, mais elle permet d’accompagner celui ou celle qui souffre de ces douleurs, de lui rendre la situation plus supportable.

« Les saints parlent de la beauté de la souffrance. Mais vous et moi, nous ne sommes pas des saints. Pour nous, la souffrance n’est que laide ; elle est la puanteur, la foule grouillante, la douleur physique. » Graham Green

Cette citation de G. Green met en avant un élément important : il nous faut différencier souffrance et douleur.

L’Association Internationale pour l’Étude de la Douleur (IASP) définit la douleur comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage ». La douleur est donc liée à l’aspect physique et/ou psychique de l’agression subie.

La souffrance se définit comme le fait de ressentir une douleur physique ou morale. D’après l’auteur David Le Breton, la douleur est un concept médical et la souffrance un concept du sujet qui la ressent. Elle se rapporte à l’aspect émotionnel, à la façon de ressentir, de vivre et de supporter cette agression et la douleur qu’elle provoque. La souffrance, contrairement à la douleur, ne se mesure pas, car elle est subjective.

Physiologie de la douleur

Lors d’une agression, notre corps génère un « signal » d’alerte transmis par notre système nerveux. Ce message, appelé signal nociceptif (du latin « nocere : nuire ») va transiter depuis la partie du corps qui est agressée jusqu’à la moelle épinière avant d’arriver au cerveau où il est interprété comme une douleur. Notre cerveau, en fonction de l’intensité de ce message et des informations qu’il véhicule nous donnera l’intensité et la localisation de la douleur.

En 1965, les recherches menées par Patrick Wall et Ronald Melzack ont mis en évidence le fait que ce message pouvait et était filtré, atténué ou amplifié lors de son passage dans la moelle épinière. Cette théorie, appelée théorie du « gate control » explique pourquoi le simple fait de passer la main sous l’eau froide calme une brûlure : ce geste nous incite a fermer la « porte » et donc à atténuer, voir supprimer le message transmis, privant ainsi le cerveau des données nécessaires pour qu’il puisse interpréter et construire la douleur.

Douleurs et souffrance

Dans un premier temps, il est très important de distinguer les douleurs « aigu » et « chronique ».

La douleur aiguë est un véritable signal d’alarme. Elle résulte d’une lésion (blessure, coup…) ou d’une réponse du corps à un désordre : inflammation des tissus ou articulaire. Si cette douleur n’est que temporaire et disparait soit avec le traitement de son origine, soit à l’aide d’antalgique, elle n’en laisse pas moins des traces.

Chacun de nous a connu un épisode douloureux et, pour certains, la simple évocation de circonstances, conditions ou souvenir suffit à provoquer un stress, une crainte, quand ce n’est pas directement un sentiment de douleur par anticipation.

Douleur chronique est sans origines clairement établies. Cette douleur se caractérise par sa persistance et sa résistance à toute thérapeutique. De signal d’alarme, la douleur devient maladie et cause du mal-être.

Douleur - cercle vicieuxLes douleurs chroniques sont souvent à l’origine de souffrances plus ou moins exprimées. Des souffrances qui peuvent résulter d’un état dépressif, résultant de l’impossibilité de trouver l’origine du mal, mais surtout de l’incompréhension de cette situation tant par le malade que par son entourage.

L’autre piège de la douleur chronique est celui du cercle vicieux ou de la prophétie autoréalisatrice : la crainte de de la douleur ou le stress provoqué par la permanence de cette douleur engendre des tensions musculaires. La répétition de ces tensions finit par engendrer des douleurs qui viennent s’ajouter aux douleurs d’origine. Cette situation va alors entretenir l’état de souffrance et contribuer à ancrer la crainte de la douleur chez le malade.

Douleur et sophrologie.

La sophrologie diffère de la médecine en son approche globale de l’individu et de sa souffrance. Comme j’ai précisé en introduction, le traitement de la douleur et de ses causes relève de la médecine. Seuls les médecins peuvent effectuer le diagnostic, effectuer les interventions et prescrire les antalgiques susceptibles de venir à bout de douleurs aiguës. Dans le cas de douleurs chroniques, leur consultation est également indispensable et la sophrologie ne vient qu’en support de cette action de base.

La sophrologie va permettre au malade d’apprendre à casser ce cercle vicieux et à s’aménager des espaces, des temps de pause. Des temps durant lesquels il parviendra à refermer, ne serait-ce qu’un peu, ce portillon de la douleur.

Cet objectif nécessite l’apprentissage de deux techniques : la relaxation musculaire avec l’aide de la relaxation dynamique et l’imagerie mentale. La relaxation dynamique utilise des exercices très simples de tension/relâchement associés à des exercices respiratoires. Ces éléments combinés vont permettre de décontracter l’ensemble des muscles et créer les conditions propices à la mise en place de l’imagerie mentale. Cette technique va permettre de détourner l’attention de la douleur vers une situation agréable.

« La perception de la douleur va être modifiée. Elle ne va pas disparaître, mais les patients souffriront moins, car ils auront appris à l’apprivoiser », explique le docteur Jean-Pierre Alibeu, responsable du centre de la douleur au CHU de Grenoble qui a décidé de mettre en place une étude sur deux ans. Cette initiative est soutenue à hauteur de 20 000€ par la fondation APICIL qui, comme les membres du centre de la douleur et les patients, se disent confiant, car la méthode a déjà fait ses preuves outre-Atlantique.