émotions et entrepriseLes émotions ont-elles leur place en entreprise ?

Devons-nous, et pouvons-nous, en faire une totale abstraction dès lors que nous sommes dans la sphère professionnelle ?

Autant de questions qui reviennent régulièrement, du dirigeant au simple collaborateur pour une raison très simple : nous sommes ce que nos émotions ont fait de nous.

Elles contribuent au façonnement de notre personnalité… et inversement. C’est un processus itératif complexe qui débute dès notre enfance sans jamais se terminer.

Mais une fois de plus, le monde du travail semble aller à l’opposé. Il nous demande, par convention, de gommer toutes émotions, de devenir des êtres lisses et, le plus souvent, formatés pour répondre de façon prédéfinie à une série de stimulus.

Le télescopage de ces opposés donne bien souvent des résultats catastrophiques.

Émotions et entreprise

Commençons par casser un mythe : les émotions ont leur place dans le domaine professionnel. Le tout est de savoir quelles émotions et pour quelle place ?

Pour ma part, je considère que toutes les émotions, à l’exception de celles qui relèvent de la souffrance et de l’affect, ont leur place en entreprise, car elles nous permettent de mieux nous connaître.

Il nous faut apprendre à en tirer parti, à les identifier, à nous en servir comme des marqueurs de notre état, comme déclencheurs d’alertes. Pour cela, la première étape est d’apprendre à ne pas confondre des émotions superficielles avec un sentiment profond.

Là où le sentiment profond nous ramène à des valeurs et des convictions, les émotions superficielles ne sont en générales que le fruit de réactions immédiates liées à l’affectivité, à la sensibilité de nos sentiments à un instant donné.

C’est cette affectivité qui peut porter préjudice en entreprise. C’est elle qui vous pousse à exprimer, en positif ou en négatif, vos sentiments au mauvais moment et de la mauvaise façon.

Je n’utilise pas le terme mauvais dans un esprit de jugement qualitatif. Vous avez réagi, c’est qu’il existe une cause. Non, ici « mauvais » doit se comprendre comme « hors du cadre », des normes sociales et d’intégration au groupe. Cette réaction provoque au sein du groupe une remise en cause de votre personnalité et de vos relations avec les autres.

L’exemple le plus parlant est certainement celui de la colère. Elle fait partie des émotions considérées comme les plus négatives. Dans le milieu professionnel, comme dans le privé, la colère est perçue comme la preuve d’un manque de contrôle de soi.

Cette perception négative, cette étiquette qui vous est accrochée, masque trop souvent la véritable souffrance qui peut se cacher derrière cette colère. On vous catalogue sans résoudre le problème à sa source.

Gérer ses émotions en entreprise

Pour éviter ces catalogages, il convient donc de connaître et d’utiliser ses émotions pour les maîtriser. Il existe de très nombreuses techniques pour cela. Je vous proposerai un exercice à la fin de cet article.

Pour autant, il arrive un moment où l’on ne peut plus cacher ce que l’on ressent. Il devient impossible de le masquer sans créer un niveau de frustration insupportable et dont les conséquences peuvent être pire.

Le seul moyen de répondre à cette situation est alors de parler. De parler pour évacuer ce ressenti. Mais pour réussir à parler sans recréer plus d’affectivité, il faut avoir réussi à évacuer cette émotion superficielle.

Vous l’aurez compris, le phénomène d’accumulation, qui est aussi celui qui mène au burn-out, est celui qu’il faut combattre en premier. Il nous faut apprendre à nous ouvrir, à exprimer nos émotions, nos ressentis, sans jugement de valeur. Nous revenons ici aux principes de base de la communication non violente si utile en entreprise.

Exercice : maîtriser sa colère

colèrePuisque nous avons parlé de la colère, je vous propose un petit exercice pour apprendre à maîtriser cette émotion que nous avons souvent du mal à contrôler.

Avant de passer aux aspects mécaniques, il faut absolument vous rappeler que, dans ce type de situation, la première des choses à faire est de prendre du recul en bannissant, tant que possible, toute notion d’ego.

Concentrez-vous sur l’objectif final plutôt que sur le fait d’avoir raison, lâchez prise !

L’exercice que je vous propose est celui de la respiration de la paille. Il permet de réguler votre rythme cardiaque et donc de faire baisser la tension, ce qui est efficace contre la colère.

Nous commencerons debout, les pieds légèrement écartés, la tête droite. Inspirez lentement par le nez en gonflant le ventre, comme nous l’avions vu pour la respiration abdominale classique.

  • Expirez lentement par la bouche, comme si vous souffliez dans une paille. Si c’est une première fois, faites-le avec une paille pour bien ressentir la différence.
  • Inspirez lentement, par le nez, en vous concentrant sur vos épaules, puis expirez par la paille en relâchant les épaules.
  • Inspirez lentement, par le nez, en vous concentrant sur votre ventre. Expirez, toujours par la paille en relâchant complètement le ventre.
  • Inspirez lentement par le nez, en vous concentrant sur maintenant sur votre mâchoire inférieure. Expirez par la paille en relâchant votre mâchoire inférieure le plus possible.
  • Inspirez à nouveau par le nez, en vous concentrant sur vos épaules, votre ventre et votre mâchoire inférieure. Expirez par la paille en relâchant épaules, ventre et mâchoire.

Après 4 ou 5 cycles complets, vous devriez avoir évacué suffisamment de stress et d’émotions superficielles pour aborder les choses avec plus de calme et d’objectivité.