Stress post-confinementLe stress post-confinement nous guette-t-il tous ?

À en croire nombre de journaux et la quantité d’articles qui fleurissent sur le sujet, la réponse est oui.

Nous aurions donc du souci à nous faire pour notre santé mentale après déconfinement.

Heureusement, il existe quelques voix « discordantes ». Des voix plus positives, qui modèrent un peu les Cassandre et ne nous prédisent pas un « monde d’après » qui donnerait presque envie de revenir au confinement.

Dans ces conditions, un pas de côté me semble indispensable pour analyser la situation avec un peu d’objectivité.

Stress post-confinement ?

Tout a commencé peu de temps après le confinement. Une partie de la presse en mal de gros titres pour renouveler le sujet de la COVID-19 s’est empressée d’interpréter à sa façon une étude anglaise parue dans The Lancet.

Cette étude avait pour objectif de préconiser aux différents gouvernements les mesures à prendre pour rendre l’expérience du confinement sanitaire la moins traumatique possible.

Mais la presse a préféré n’en retenir qu’une chose: le risque d’un stress post-confinement. Ceci malgré les conclusions de l’étude qui vont très largement à l’encontre de cette théorie.

Ainsi, en quelques lignes construites sur une lecture tronquée, est né le sujet très médiatique du stress post-confinement. Un stress qui serait la réplique quasi parfaite du stress post-traumatique bien connu des thérapeutes.

Un coupable désigné

En effet, le raccourci est d’autant plus facile que l’état de stress post-traumatique, ou trouble de stress post-traumatique, est défini comme une pathologie qui apparaît après un événement traumatisant comme : un attentat, un contexte de mort, une agression, une blessure grave, un accident, une catastrophe naturelle, la mort d’un proche, des scènes de guerre…  mais aussi la lutte contre une maladie grave.

De même, le stress post-traumatique engendre des symptômes qui peuvent apparaître dans les mois suivants l’incident traumatique :

  • Des problèmes émotionnels : des émotions négatives (tristesse, peur, horreur, culpabilité…), perte d’intérêt pour les activités du quotidien, difficulté à éprouver des sentiments positifs, hypervigilance, irritabilité…
  • Les reviviscences : le patient revit en partie l’événement. Cela peut se traduire par des souvenirs envahissants, des cauchemars, des flash-back… Un facteur déclenchant peut en être à l’origine, comme une photo.
  • Des troubles cognitifs : problèmes de mémoire, de concentration.
  • L’évitement : le patient évite les personnes, lieux, objets, qui pourraient lui rappeler l’événement traumatique.
  • Des troubles du sommeil.

Renforcé par les mesures de distanciations, le port du masque et les interdictions de circuler, il était facile d’ignorer les études faites sur le terrain. De passer outre quelques « détails ». Et de brandir la menace du stress post-traumatique. Le tout encouragé par une communication mortifère et attisant la peur à grands coups d’images et de titres chocs.

Du confinement au déconfinement

Fort heureusement, durant la période de confinement, ce sont le scientifiques qui ont gagné au jeu des pronostiques. La déferlante des cas aigus de syndrome post-traumatique n’a pas eu lieu.

Comme l’explique très bien le Docteur Wissam El Hage, médecin psychiatre au CHRU de Tours et professeur de psychiatrie à l’Université de Tours : « Avec le confinement, on peut souffrir d’anxiété, mais pas de stress post-traumatique ». Je vous recommande la lecture de son article sur le site Ubek & Rika.

Ce point de vue recoupe les premiers résultats de l’étude « Psychologie COVID-19 », menée par l’Université de Nantes, sur le vécu émotionnel et social dans le confinement.

Bref, le syndrome post-traumatique, s’il existe en cas de confinement, ne risque d’atteindre qu’une faible partie de la population. Il concerne essentiellement les personnes gravement touchées par la maladie, le deuil ou qui ont été en contact direct avec les événements les plus graves : personnel soignant, ambulancier, pompiers…

Au contraire, la vaste majorité de la population a bien vécu cette période particulière. En premier lieu parce que nous savions que les mesures imposées étaient temporaires. Mais aussi, car nous avons tous su nous adapter. La mécanique du coping s’est naturellement mise en place.

Pour certains, ce confinement a même eu des effets très positifs. Ils ont retrouvé les joies simples du temps partagé avec la famille. Après avoir adopté de nouvelles règles de travail, ils ont réussi à trouver du temps pour eux. Certains ont anticipé et ont même profité de cette parenthèse forcée pour se construire une nouvelle vie.

Bref, le soufflet retombé, Il fallait donc continuer à faire peur pour vendre de l’information à sensations. Et le syndrome post-confinement a donc logiquement remplacé le syndrome post-traumatique.

La réalité du stress post-confinement

Le monde d’après le 11 mai s’avère donc beaucoup moins « psychologiquement perturbé » que l’enfer qui nous était promis.

Cependant, ici aussi il faut savoir faire preuve de nuances. Si une très grande majorité des Français se sont déconfinés dans la joie (trop parfois) et ont profité de ces retrouvailles avec leurs proches, la pandémie continue à générer de nombreuses angoisses :

  • Peur de la maladie, toujours présente.
  • Crainte de subir une perte d’emploi en raison des conséquences économiques de la crise.
  • Difficulté de l’isolement social.

Que ce soit un simple manque de maturité émotionnelle ou un problème plus profond, ceux qui en souffrent doivent être aidés et accompagnés.

En fonction de la gravité de ces angoisses, ils peuvent se faire accompagner par un sophrologue ou un psychothérapeute. Mais, dramatiser ces situations et faire passer ces angoisses bien naturelles pour les conséquences d’un pseudo syndrome post-traumatique va à l’encontre de toute logique. Sauf celle de faire peur pour faire vendre.