limiteVous faites de la relaxation pour les enfants, c’est merveilleux ! À partir de quel âge les prenez-vous ? Ça fonctionne avec les tout-petits ?

De plus en plus de parents souhaitent que leurs enfants pratiquent la relaxation. Si cette tendance est encourageante, elle en masque une autre : les enfants concernés sont de plus en plus jeunes.

Pour un sophrologue, l’âge de l’enfant va influer sur ce qu’il est possible ou non de faire.

Retour aux fondamentaux de la relaxation

Pour bien comprendre mon embarras vis-à-vis de ces demandes, il faut revenir à quelques fondamentaux de la sophrologie et plus particulièrement à ceux qui touchent à la maîtrise de son corps.

Si l’on se souvient de ce que nous avions vu dans l’article sur la physiologie de la relaxation, la relaxation dynamique, comme toute autre forme de relaxation, se base sur les quatre éléments que sont :

  • La capacité de régulation respiratoire
  • La capacité à réduire la tension de nos muscles
  • La capacité de perception sensorielle
  • La capacité de ralentissement de la pensée

Si, pour nous adultes, il suffit de quelques explications et de pratique pour réussir à utiliser ces capacités pour réguler nos tensions et obtenir un état de relaxation appréciable, c’est que nous avons réussi, avec l’aide de nos parents, de nos instituteurs et de tous ceux qui nous ont entourés, à acquérir ce que l’on appelle le schéma corporel.

Ce schéma corporel peut se définir comme “l’image de soi” et la “connaissance de son corps” (Sève-Ferrieu, 2005). Cette image, comme l’explique François Dolto, se structure dès l’enfance par l’apprentissage et l’expérience.

Un jeune enfant, encore en cours de développement neurologique et sans “expérience”, ne possède donc pas la connaissance de son corps ni cette image de soi nécessaire à l’exploration puis à la maîtrise de ces capacités essentielles à la relaxation que nous avons citées plus haut. Nous sommes là face à une limite naturelle.

Limites ou barrières ?

Si l’acquisition de la notion de schéma corporel nécessite un apprentissage et l’expérimentation du ressenti, la pratique de la sophrologie, ou plus simplement de la relaxation pour le jeune enfant, pose alors deux questions :

  1. à partir de quel âge peut-on envisager une pratique de la sophrologie ou de la relaxation chez l’enfant en faisant appel à ces 4 éléments comme pour l’adulte ?
  2. est-ce que cela signifie qu’avant cette limite d’âge, il n’y a rien à faire et que cette limite est infranchissable ?

À la première question, il semblerait que la médecine, comme les enseignants ou les professionnels de l’enfance, s’accorde sur la période des 6 ou 8 ans comme limite. À cet âge, l’enfant est latéralisé (il reconnait la droite et la gauche), sa vision est complète, il a acquis toutes les notions spatio-temporelles, pour se situer dans son environnement et dans le temps, et son affirmation au monde a commencé.

Pour autant, mener une séance de la même façon qu’avec un adulte risque fort d’aboutir à un l’échec. Au-delà de cette limite d’âge, il faudra donc veiller à toujours utiliser un vocabulaire adapté, à limiter les exercices dans le temps pour conserver l’attention et éviter de lasser. Pour les plus jeunes, certaines peurs peuvent être persistantes, comme la peur du noir quand ils ferment les yeux, ou certains gestes encore maladroits.

Au sophrologue de trouver un aspect ludique et de s’adapter en faisant appel aux jeux ou aux contes pour travailler sur des sujets fréquents à cet âge comme le manque d’attention, de concentration, de confiance en soi ou de motivation. On pourra également apporter une aide sur les problèmes de peurs irraisonnés, les deuils ou le respect de l’autorité.

Avant cette limite des 6 ou 7 ans, l’action du sophrologue est totalement différente. Pour les plus jeunes, il est parfois préférable de travailler avec les parents plutôt que directement avec l’enfant. Ce dernier ressent et renvoie les angoisses exprimées ou non de ses parents. Les aider, eux, à mieux vivre certaines situations est donc le meilleur moyen d’apporter une solution à l’enfant. Entre 2 et 6 ans, on travaillera surtout l’acquisition de ce fameux schéma corporel. Les jeux permettront de découvrir le souffle et de prendre conscience de son corps.

Malgré cela, l’implication des parents est essentielle. À titre d’exemple, pour un enfant qui a toujours du mal à s’endormir, en plus de nos séances, je propose aux parents un ouvrage tout simple qui s’intitule Le yoga des petits pour bien dormir. À eux, chaque soir, de construire une séance de 2 ou 3 exercices avant de finir toujours par la position de repos.

En plus de l’aspect ludique de l’image, ce livre détaille chaque exercice et offre des conseils aux parents. Ils disposent de toutes les informations nécessaires pour créer un moment unique, qu’ils partagent chaque soir avec leur enfant pendant quelques minutes, et qui, en plus de tisser des liens forts entre eux, amène l’enfant au sommeil.

En pratique

Cette limite de l’acquisition du schéma corporel influe sur de nombreuses activités chez l’enfant et tous les spécialistes de la petite enfance s’accordent à la reconnaître. Le sophrologue, comme tous les autres, doit s’y adapter. Son action sera donc, avant que l’enfant n’ait acquis ce schéma, de l’aider dans cet apprentissage par la découverte de son corps et des sensations qu’il procure. Par la suite, l’acquisition étant progressive, il pourra contribuer à affiner ces perceptions jusqu’à développer toutes les capacités de relaxation.

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