Introspection vie intérieure

© Giulia Marangoni

Notre vie intérieure, et l’introspection qu’elle demande pour la découvrir n’intéresse plus grand monde.

En effet, pourquoi s’arrêter quand on peut vivre dans l’action permanente ? Quand on peut passer de buts en objectifs toujours plus hauts ?

De même, pourquoi faire l’effort de revenir vers soi ? Il suffit de s’adonner aux loisirs et aux distractions souvent passives qui s’offrent à nous.

La réponse se trouve peut-être dans l’une des phrases prononcées par Christophe André, lors d’une de ses nombreuses interventions, et qui a capté mon attention. Une phrase ou plutôt une question :

Vous sentez-vous humain quand vous passez votre vie à travailler et consommer ?

La sophrologie, la méditation, comme la musique, la marche ou bien d’autres vecteurs aussi simples, nous permettent de retrouver cette vie intérieure. Encore faut-il que l’on comprenne l’intérêt de cette introspection.

Qu’est-ce que la vie intérieure ?

En premier lieu, tentons de démystifier et d’expliciter ce terme de vie intérieure. Pour cela, je ferais encore une fois appel à Christophe André :

La vie intérieure, c’est tout ce dont nous prenons conscience quand nous dégageons notre attention des sollicitations extérieure.

La vie intérieure c’est donc cet ensemble de sensations, de ressentis qui s’établissent quand nous prenons conscience de notre corps et / ou de notre respiration. De même, ce sont ces connexions qui s’établissent quand nous prenons conscience de ces sensations, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Quand nous laissons libre cours à nos pensées et que nous acceptons d’interroger les émotions que cela suscite.

Bref, la vie intérieure c’est cet énorme bouillonnement que nous finissons trop souvent par ignorer. C’est un espace où tout se mélange dans un mouvement permanent.

Ainsi, c’est un processus qui se nourrit de l’extérieur et fait de nous ce que nous sommes, avec nos valeurs. Néanmoins, cette vie intérieure demande quelques efforts pour la comprendre, mais surtout pour y accéder.

Effectivement, parce qu’elle est en mouvement constant et qu’elle mélange l’important comme le superficiel, il faut apprendre à la décoder. Il faut prendre le temps de se familiariser avec elle. Or, il n’existe qu’une seule façon de faire cela : l’introspection.

Et c’est là qu’arrive le vrai problème : plus personne ne prend le temps de cette écoute de soi.

L’intérêt de l’introspection

Comme nombre de mes collègues sophrologues ou hypnothérapeute, je vois souvent des patients qui peinent à déclencher cette perte de poids qu’ils recherchent tant, ou à arrêter définitivement le tabac. Après plusieurs séances, et même s’ils sont accompagnés par un nutritionniste ou un traitement, ils jettent l’éponge.

Pourquoi ? Et bien, très souvent parce qu’ils ne prennent conscience de l’effort nécessaire que durant le temps de la consultation.

En effet, le temps de la consultation est le seul moment qu’ils s’accordent, une fois par semaine ou tous les 15 jours, pour s’occuper du problème, faire les exercices et se poser les bonnes questions. Pour faire ce travail nécessaire d’introspection.

Il faut dire que rien n’est fait dans notre société pour valoriser cette introspection, bien au contraire !

Premièrement, l’introspection nécessite de ralentir ou, mieux encore, de s’arrêter pour écouter, s’habituer et décrypter ce bouillonnement de la vie intérieure. Or, la société dans laquelle nous vivons nous pousse à agir en permanence. Tout est fait pour vivre dans l’urgence et l’immédiateté. Entre être et faire, le choix est contraint.

De même, l’introspection nous éloigne des sirènes. Avons-nous vraiment besoin de tous ces produits miracles ? Nous rendront-ils plus heureux ? Avoir ou être … l’éternelle question qu’il ne faudrait surtout pas se poser dans une société de consommation.

Par conséquent, prendre le temps de l’introspection est difficile. Cela demande un effort. Il nous faut lutter pour gagner le droit de ne rien faire. Paradoxal, non ?

Pour quels résultats et comment ?

Allez, nous aussi revenons dans un monde bassement matériel et terre à terre. Osons poser la question essentielle : pourquoi lutter ? Quel est l’intérêt de prendre le temps, tous les jours, de se ménager un temps de calme, à ne rien faire, si ce n’est à se livrer à l’introspection ? Et poussons plus loin : comment ?

Vous l’aurez compris, durant ces jours fériés, j’ai pris le temps de reprendre quelques-unes des conférences de Christophe Andrés. Je lui laisserais donc le soin d’y répondre :

L’introspection établit et renforce l’humanité〔…〕c’est un acte de conscience qui transforme le consommateur docile et le travailleur efficace en humain plein de doutes et de rêves.

Pour lui, l’introspection est le meilleur moyen de refuser ce mode de vie hyperactif imposé par la société actuelle et de :

〔…〕Devenir des esclaves de son passé, ses habitudes, ses impulsions, de son environnement avec ses injonctions et ses manipulations.

Pour ce qui est du comment, l’introspection est accessible à tous. Vous avez certainement vécu des épisodes désagréables, tels que la maladie ou le décès d’un proche, qui vous en ont ouvert la voie.

Heureusement, il existe d’autres chemins d’accès beaucoup plus agréables. La méditation ou la sophrologie en font partie. Mais également la marche ou la musique. Ce sont les concertos brandebourgeois de Bach qui m’ont aidé à écrire cet article, à prendre le recul et me poser les bonnes questions.

La lecture, et en particulier le dernier opus de Christophe André sur la vie intérieure, est aussi un excellent moyen d’entamer l’introspection.

En dernier lieu, et c’est peut-être le meilleur conseil : prenez le temps de venir écouter la 3ème conférence France Inter “Ralentir, se déconnecter” animée par Ali Rebeihi et Christophe André. Elle sera retransmise en direct dans de nombreuses salles de cinéma le 5 juin 2018 à 20h.

Si cette conférence est à la hauteur de celle sur “les bienfaits de la bienveillance”, cela sera encore un grand moment !