inondationsLes inondations viennent de nous toucher à deux reprises en une semaine.

Même si j’ai toujours les pieds humides et je pourrais m’apitoyer sur mon sort, je préfère en tirer une extraordinaire  leçon de vie.

En quelques jours, la nature m’a gentiment rappelé quelques principes de base que j’avais un peu oubliés.

Contrairement à d’autres qui ont tout perdu, parfois même la vie, dame nature a été assez gentille avec moi pour cette fois. Cela ne fait que renforcer ma compassion et ma solidarité avec ceux qui n’ont pas eu cette chance.

Combattre et résister

Quand l’eau est arrivée, j’ai eu le réflexe bien naturel de vouloir l’endiguer. Persuadées que nous, être humains, étions plus intelligents et mieux armés, nous arriverions à lutter, à dompter et canaliser la nature pour qu’elle se plie à notre volonté… ou plutôt notre refus de lui céder.

C’était oublier que la nature a toujours raison. Vouloir lutter contre elle est une perte de temps et d’énergie. Pire encore, c’est une source de désillusion et de frustration.

Ces sentiments ont pris tout leur sens quand, une semaine après les premières inondations, un énorme orage a provoqué une seconde inondation encore plus importante que la première.

Nous n’avions pas encore les pieds au sec, les niveaux ne faisaient que baisser et les voici qui remontent, contre toute attente. Comme pour nous rappeler qu’il n’existe aucune certitude et que rien ne se passe jamais (ou presque) comme nous l’avions prévu.

Cette situation m’a rappelé un Kotowaza (proverbe) japonais que l’on retrouve dans les fables de Jean de La Fontaine : le cerisier casse, mais le roseau ploie.

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Face à la nature, face à l’eau, il n’existe qu’une alternative : lutter et casser, ou plier, accepter les choses, s’adapter… lâcher prise.

J’ai donc abandonné ma colère pour lui préférer l’acceptation : l’eau était là et il m’était impossible de stopper la pluie.

Il en va de même dans la vie de tous les jours. il arrive que la colère n’aide pas alors que l’acceptation permet de reprendre la situation en mains.

Choisir entre être et avoir.

Même si pour moi les pertes matérielles provoquées par ces inondations sont minimes, j’ai eu peur, je voulais tout sauver, tout protéger des eaux… jusqu’à ce que je prenne conscience de ma situation privilégiée.

J’ai pris conscience que, ce que je m’épuisais en vain à défendre, n’avait finalement que peu de valeur. Oh, bien sûr ces choses matérielles ont une valeur marchande, mais après tout… les miens sont en bonne santé, nous avons un toit sur la tête, l’essentiel est sauf.

Ici encore, au travers de ces inondations, dame nature m’a rappelé une leçon qui s’applique tous les jours : la peur de perde, de manquer, nous pousse parfois à nous entêter, à jouer le rôle du cerisier plutôt que du roseau.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, ces choses que nous défendons ne sont parfois que des objets accumulés au fil du temps, des biens qui ont perdu leurs valeurs, des sentiments qui sont devenus des obligations, des amitiés qui sont devenues des relations contraintes voir toxiques…

Il est toujours difficile de faire le tri par soi-même. Il faut souvent un événement extérieur pour servir de déclencheur ou faire le grand ménage à notre place.

Ces inondations vont me pousser à faire place nette, à finalement me séparer de toutes ces choses qui encombraient inutilement l’espace, persuadée que j’étais de pouvoir leur donner une nouvelle vie ou raviver la flamme d’un passé évanoui.

En regardant autour de moi, en aidant ceux qui étaient plus touchés que moi, ceux à qui les inondations avaient enlevé l’essentiel, j’ai réappris à faire la part des choses, à relativiser la place des choses matérielles dans mon bonheur.

Après les inondations

Après des heures d’angoisse, à surveiller les pompes et racler… je continue à surveiller et racler, mais avec le sourire, et en me disant que si ça monte encore, j’aviserai et je m’adapterai. Finalement, pour moi, ce n’est pas si grave.

J’ai lâché prise et retrouvé la capacité d’anticiper, de réagir au lieu de m’arcbouter contre un ennemi invisible et qui gagnera quoiqu’il arrive.

Ce qui s’est passé durant ces deux semaines n’est finalement qu’une autre représentation de ce qui se joue tous les jours : arrêtons de lutter contre ce sur quoi nous n’avons aucune prise. Conservons notre énergie. Trouver de nouveaux chemins vers notre idéal.

Apprenons à faire le tri et le vide. Acceptons de nous séparer du superflu, à relativiser l’importance des choses pour nous consacrer à notre essentiel.