gros n'est pas un gros mot

Cette année, la “chasse aux gros” n’a heureusement pas eu la même intensité que les années précédentes.

Épidémie de COVID-19 oblige, on nous a épargné les régimes miracles et les trucs de grand-mère qui promettent de vous faire perdre 5kg dans les deux semaines.

Mais le #BikiniBody, ce corps de rêve qui fait fantasmer les hommes comme les femmes, n’a pas dit son dernier mot.

En effet, dans l’esprit de beaucoup, être “gros” est une marque de faiblesse. C’est le signe manifeste d’un laisser-aller physique et moral et qu’il faut combattre.

“Gros” n’est pas un gros mot fait partie de ces livres qui participent à la déconstruction des clichés.

Ses 130 pages démontent la grossophobie ordinaire dans toute son horreur. Elles offrent aide, arguments et réconfort à celles et ceux qui en souffrent au quotidien.

Il me paraissait essentiel de vous le présenter ce livre avant les vacances, avant que vos voisins de plage ne se moquent de la “grosse dame d’accoté”.

Présentation par l’auteur / l’éditeur

«Grossophobie (nom féminin) : ensemble des attitudes hostiles et discriminantes à l’égard des personnes en surpoids.»

Ce mot ne figure pas dans le dictionnaire, mais il désigne un phénomène réel et ordinaire.

Chaque jour, les gros sont victimes de discriminations : si vous pesez 150 kilos, vous aurez du mal à trouver un travail (vous êtes présumé fainéant), à vous habiller (les magasins ne vendent pas de vêtements en taille 60), à vous soigner (il faudra dénicher un cabinet équipé pour vous prendre en charge, et la bienveillance n’est pas toujours au rendez-vous), à prendre l’avion (peut-être devrez-vous réserver un second siège), à vous faire prescrire une contraception, mais aussi à avoir un bébé si l’envie vous en prend…

Vous aurez du mal à vivre normalement. Nos préjugés sur les personnes grosses et les comportements qu’ils entraînent ont des conséquences parfois dramatiques.

La grossophobie pollue toutes les sphères de la vie. Témoignages à l’appui, voici un tableau choquant et 100 % vrai de ce que vivent les gros, tout le temps, partout.

Pourquoi j’aime « Gros » n’est pas un gros mot ?

En premier lieu, il me faut rendre à César, ou plutôt à Élodie Bousquet, ce qui lui appartient.

En effet, c’est par son article dans Marie-Claire que j’ai découvert ce livre de Daria Marx et Eva Perez-Bello.

En premier lieu, j’ai été attitré par le titre un peu racoleur de l’article: “Ce que “la grosse” assise sur la plage voudrait que vous sachiez“.

Ensuite, cet article m’a littéralement retourné. En effet, J’y ai retrouvé toute la haine ordinaire et la bêtise qui accompagnent les préjugés et les moqueries grossophobe.

Par ailleurs, j’ai déjà écrit plusieurs fois ce que je pensais de ces journaux qui, tous les ans, nous ressortent leur numéro spécial régime. Mon avis n’a pas changé : ne cédons pas aux diktats de la mode !

Dans ces conditions, je ne pouvais que me retrouver dans cet article et avoir envie de lire ce livre.

Beaucoup de pédagogie

Au fil des pages, et de textes sans concession, les deux auteurs arrivent à atteindre le double objectif qu’elles se sont fixé :

  • Déconstruire les idées reçues et les clichés les plus courants sur les gros : ils sont faignants et détestent le sport. Les gros se négligent et sentent mauvais. Ils avalent 10.000 calories par jour. Les gros sont gentils et drôles, mais complexés. De plus ils détestent leur corps et n’ont aucune volonté…
  • Rendre à toutes celles et tous ceux qui souffrent de cette grossophobie, leur espace et leur dignité. Leur expliquer qu’elles sont victimes de discrimination. Que peu importe la raison de leur poids, chacun a les mêmes droits au respect, à la santé et au travail.

Pour cela, les 2 auteurs font montre de pédagogie. Ainsi, elles nous rappellent quelques principes de base :

  • L’IMC n’est pas ce qui définit la personne.
  • Le nombre de personnes en surpoids a triplé depuis 1975.
  • La prise de poids touche plus les femmes pour des raisons hormonales.

Finalement, que vous soyez ou non concerné par ce sujet, je vous invite vraiment à lire “gros” n’est pas un gros mot. Ces quelques pages changeront définitivement votre regard. Mais elles vous aideront également à faire changer celui des autres.