conteLe conte est un allié précieux du sophrologue quand il travaille avec les enfants. Cet outil, très éloigné des techniques corporelles ou respiratoire, possède de nombreux avantages : il est ludique, suscite l’intérêt et offre des possibilités dont je vous propose de découvrir un exemple dans cet article.

Aussi rationnel et adulte que nous soyons, vous et moi, la phrase magique « Il était une fois… » éveille notre mémoire. Que ce soit des châteaux, des princesses, de vilaines sorcières, des monstres ou de preux chevaliers, ces quatre mots ravivent en nous des souvenirs et nous transportent dans un monde fantastique construit par notre imagination au fil de nos lectures ou de ces moments passés à écouter nos parents ou grand-parents nous conter ces histoires.

Depuis l’antiquité, le conte est utilisé pour transmettre et partager au travers de métaphores. Comme le rappel Bénédicte Flieller dans son très bel article Le conte, un allié thérapeutique publié sur le site de Michèle Freud : “par l’écoute passive et dans un état de profonde détente, le conte permet d’utiliser toute la puissance de l’imagination pour impliquer l’enfant et lui permettre, en fonction de la situation évoquée, de se projeter dans l’avenir ou de revivre une situation ancienne, au travers de cette construction.”

Le conte permet donc d’amener, doucement, avec des mots simples et des images, l’enfant à s’impliquer dans une réflexion alors que la méthode analytique, utilisée par certains adultes aurait été vouée à l’échec.

Un conte parmi d’autres

Je vous propose ci-dessous un conte assez connu, mais qui a de nombreuses qualités : il est court, simple et peut être adapté à presque tous les âges.

Le pot fêlé (Auteur anonyme)

Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d’une perche qu’elle transportait appuyée derrière son cou.

Un des pots était fêlé alors que l’autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d’eau. À la fin de la longue marche, du ruisseau vers la maison, le pot fêlé n’était plus qu’à moitié rempli d’eau. Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années complètes et la vieille dame ne rapportait chez elle qu’un pot et demi d’eau.

Le pot intact était très fier de son oeuvre, mais le pauvre pot fêlé, lui, avait honte de ses propres imperfections et se sentait triste. Il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.

Après deux années de ce qu’il percevait comme un échec, il s’adressa un jour à la vieille dame, alors qu’ils étaient près du ruisseau. “J’ai honte de moi-même, parce que ma fêlure laisse l’eau s’échapper au retour vers la maison”.

La vieille dame sourit : “As-tu remarqué qu’il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu’il n’y en a pas de l’autre côté ? J’ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j’ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Pendant deux ans, j’ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n’aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la maison”.

Chacun de nous, avons nos propres manques, nos propres fêlures. Mais ce sont chacune de ces craquelures et chacun de ces manques qui rendent nos vies si intéressantes et enrichissantes.

Il n’est pas toujours besoin d’aller piocher dans la culture asiatique pour trouver de nombreux contes chargés de sens et d’enseignements. Prendre le temps de poser nos tablettes et nos téléphones pour redécouvrir les contes de Pérrault, de Grimm ou les fables de La Fontaine peut donner d’excellents résultats pour les plus grands.

Pour les plus jeunes, avec qui des histoires courtes et plus abordables sont à privilégier, on trouve aujourd’hui une assez vaste littérature, avec des sujets très ciblés. On peut citer par exemple « Nuage ne se sent pas à la hauteur » ou encore le très connu «Billy se bile » qui offre également la possibilité d’aller au-delà du conte, en permettant d’imiter le personnage et de se construire, lui aussi, la solution à ses problèmes.

Uniquement pour les enfants ?

Le conte est et restera un outil de transmission et d’apprentissage puissant par son utilisation de l’imaginaire mais le croire uniquement destiné aux enfants serait réducteur. Il possède la même puissance, et peut-être même encore plus, chez l’adulte. Pour citer encore une fois Michèle Freud : « Le thérapeute est là pour vous aider à décoder son langage parfois mystérieux. Ainsi, petit à petit, vous comprendrez vos conflits intérieurs, vos difficultés relationnelles et vous poserez les premiers pas vers un renouveau, vers une ouverture psychologique… »