BienveillanceLa bienveillance est-elle une alternative possible aux schémas éducatifs traditionnels basés sur l’autorité et à la culture de la punition ? Permet-elle de répondre à toutes les situations ?

Pour répondre à ces questions, je vous propose de commencer par nous pencher sur le véritable métier qu’est celui de parent dans un contexte en évolution perpétuelle.

Par la suite, nous essayerons de définir ce qu’est la bienveillance, mais surtout de quelle façon elle se traduit concrètement (ou pas), dans la vie de tous les jours et dans chacun de nos échanges avec nos enfants.

Une autorité en évolution

Si le fait de devenir parent est une source inépuisable d’instants de bonheurs, c’est aussi une responsabilité : celle de préparer notre enfant, puis notre adolescent, à la vie d’adulte… et les choses ne sont pas toujours simples.

En France, avec les travaux de Françoise DOLTO et mai 68, nous sommes passés progressivement d’une éducation totalement rigide, basée sur l’autorité et la punition, à une certaine permissivité, une éducation aux contours parfois flous et où chacun doit trouver ses limites.

Cette situation est à la fois un espace de liberté pour l’enfant, dans lequel il peut grandir et évoluer, mais aussi une source de frustrations quand la punition tombe sans qu’il ait eu conscience de dépasser cette limite mal définie.

Parfois, la sanction n’a même aucun lien avec un acte de désobéissance, elle n’est que le résultat, l’expression, de la peur des parents. Combien d’enfants sont ainsi punis pour avoir fait quelque chose que nous, adultes, jugions dangereux, selon nos critères et nos craintes ?

« Il aurait pu t’arriver ceci ou cela », « Tu aurais pu te faire mal »… ces phrases que nous avons tous utilisées démontrent nos peurs d’un danger potentiel. Elles sont justifiées par des situations qui peuvent être potentiellement dangereuses, mais avoir peur justifie-t-il une punition ?

La bienveillance

La bienveillance, se définit comme :

Disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui » (Dictionnaire Larousse).

Le principe de bienveillance repose donc sur le fait de participer au bien-être et à l’accomplissement de l’autre par le biais de la compréhension.

Essayons d’aller un peu plus loin et de détailler ce qu’impliquent ces deux piliers de la bienveillance que sont la compréhension et l’indulgence :

Je commencerai par rappeler une évidence : pour comprendre, il faut écouter ! La bienveillance, comme principe éducatif, implique donc une écoute active de nos enfants. Une écoute qui cherche à comprendre le message qui se dissimule derrière les actes.

Cette écoute active est inséparable du dialogue. Ce dernier permet non seulement de mieux comprendre, d’éclairer, d’expliquer, mais aussi d’ouvrir un espace de responsabilité : je te considère comme autonome, comme responsable et j’échange avec toi.

Les des principes sous-jacents de la bienveillance est celui du partage des connaissances et du droit à l’erreur. Notre objectif en tant que parents, et de faire grandir nos enfants, de les préparer à la vie d’adulte. Le partage des connaissances, de ce que nous avons vécu, de nos valeurs, de nos principes, permet une meilleure définition du cadre que nous souhaitons donner à nos enfants. Ils apprennent à en connaître les limites et à devenir autonomes au sein de ce cadre.

Il a fallu plusieurs chutes avant d’apprendre à marcher puis à courir. Nos enfants testent les limites, de façons plus ou moins volontaires, parfois sans en avoir conscience. La bienveillance autorise ce droit à l’erreur. Comme pour la chute lors de l’apprentissage de la marche, cette méthode éducative propose de les aider à se relever et reprendre le bon chemin plutôt que de les sanctionner pour être tombé.

Les limites de la bienveillance

C’est à ce point particulier que se pose la question de savoir jusqu’où l’on peut pousser la bienveillance sans tomber dans le laxisme. En effet, il arrive parfois que la bienveillance et le dialogue atteignent leurs limites.

Toya GrahamComme bon nombre de personnes, j’ai été frappée par l’exemple de cette maman, Toya Graham, qui est allée rechercher son fils au milieu des émeutes de Baltimore et, en public, l’a giflé à plusieurs reprises pour le renvoyer à la maison.

Interrogée par la presse, elle a fini par avouer :

“C’est mon seul fils et je ne voulais pas qu’à la fin de la journée, il lui arrive le même sort qu’à Freddie Gray“.

À l’heure où le Conseil Européen demande à la France de s’aligner sur les autres pays et d’interdire la punition corporelle, on peut se poser une question simple : si les faits s’étaient déroulés dans un pays interdisant les punitions corporelles, les gifles de Toya Graham pour ramener son fils à la raison, respecter l’autorité et éviter qu’il lui arrive malheur auraient-elles été sanctionnées ? Quel message cela aurait-il véhiculé ?

Apprendre la bienveillance

Notre système éducatif, notre propre expérience, nos modes de vie ne prédisposent pas toujours à adopter la bienveillance comme mode éducatif principal pour nos enfants.

Il nous faut parfois faire un premier travail sur nous-mêmes pour dépasser ces peurs : peur de ne pas arriver à donner le meilleur à notre enfant, peur qu’il souffre, qu’il se fasse mal. Il nous faut réussir à lâcher-prise, à ne plus vouloir tout contrôler.

La solution de ce que nous considérons comme des problèmes, des sources inquiétudes, se trouve souvent chez nous plus que chez nos enfants. Ils ne font que répondre en miroir à nos propres angoisses. La sophrologue que je suis a parfois plus envie de travailler avec les parents qu’avec les enfants qu’on lui amène !

Apprenons la bienveillance, à communiquer, à expliquer, à rendre autonome et nous ferons de nos enfants des adultes heureux et bienveillants.