parler de la mortParler de la mort à un enfant est devenu une chose difficile pour les adultes. Il la voit tous les jours à la télévision, au travers de films et de dessins animés tous les jours plus violents, mais elle devient tabou dès qu’elle touche un être proche.

Sous prétexte de les protéger quand un deuil arrive, nous créons de véritables trous dans leur histoire personnelle en refusant de parler de la mort, de l’expliquer. Mais n’est-ce pas là une façon de nous protéger ?

Parce que nous y serons tous confrontés un jour, parce que c’est un sujet qui aide nos enfants à se construire, je vous propose aujourd’hui de découvrir pourquoi et comment parler de la mort à nos enfants.

Pourquoi parler de la mort à nos enfants ?

Parler de la mort à nos enfants est devenu un acte difficile. Nous n’arrivons ni à trouver les mots ni à maîtriser nos émotions et nous ne voulons pas créer la peur chez l’enfant. Mais il faut prendre conscience que, au-delà de la peine et de l’émotion liée au deuil, cette difficulté vient également du fait que personne ne nous a vraiment parlé de la mort.

Bien souvent, nous l’avons découverte au travers de non-dits, de mots détournés, d’allusions et de paraphrases… ou paraboles. Très peu d’entre nous, car ce n’est pas dans nos cultures, ont eu la chance d’avoir des parents ou grands-parents qui vous parlent de la mort, mais surtout du cycle de la vie, de façon simple.

Parler de la mort, comme une étape du cycle de la vie permet à l’enfant de prendre conscience de la temporalité des choses. Ce n’est qu’entre 5 et 10 ans que l’enfant prend conscience de la linéarité du temps. Jusque là, ce n’est qu’un éternel recommencement.

Avant cela, pour lui, la mort n’est que temporaire, comme lors d’un jeu où l’on finit par se relever et recommencer. Durant cette période entre 5 et 10 ans, lui parler de la mort permet à l’enfant de prendre conscience que nous ne sommes que temporaires et de découvrir la notion d’irréversibilité de certains actes.

Ces deux notions seront essentielles par la suite, car elles lui permettent de se construire, d’admettre la contrainte du temps, le fait que l’on ne puisse pas tout avoir et tout faire. Non seulement elles enseignent à faire des choix, mais elles évitent bien des frustrations.

Parler de la mort c’est aussi maintenir le lien avec ses racines. Nous vivons dans une société où nous éloignons de plus en plus nos enfants de leurs grands-parents et donc de leurs racines. Cet éloignement coupe une partie du lien affectif, mais aussi toute possibilité de se construire des repères de comparaison. Quels sont les enfants d’aujourd’hui qui demain auront une image de leurs grands-parents aussi fidèle que celle que peuvent avoir les générations précédentes ?

Maintenir le lien avec les anciens, même après la mort, permet aux enfants de construire un système de référence et de comparaison. Ils peuvent prendre la mesure du réel, de ce qu’ils sont de comment ils souhaitent se construire.

Parler de la mort, l’expliquer fait donc partie du devoir éducatif, du processus de construction de l’adulte en devenir… mais la façon de s’y prendre reste souvent un grand mystère.

Comment aborder ce sujet ?

Avec un peu de recul et d’honnêteté, on se rend rapidement compte que nous sommes, à peu de choses près, au même niveau de connaissance sur la mort que nos enfants.

« Les enfants en savent autant que nous les adultes à propos de la mort c’est à dire rien du tout » – Daniel Oppenheim, psychiatre.

La seule chose qui diffère, c’est notre recul, notre expérience de cet évènement. Parler de la mort à un enfant, c’est donc partager avec lui une expérience… ou lui éviter d’en vivre une aussi traumatisante que celle que nous avons eue.

Parler de la mort à un enfant implique de commencer par différencier ce qui vit, et peu mourir, de ce qui ne vit pas. Dans cette discussion, il vous faudra peut-être aborder ce qu’est la vie et comment définir un organisme vivant.

C’est à partir de ce moment que commence le difficile travail d’explication sur la « valeur » des différentes vies. Pourquoi celle de la plante que l’on coupe ou de l’animal que l’on retrouve dans nos assiettes n’est pas considérée au même niveau que celle d’un proche ou de l’animal de compagnie ?

Nos enfants sentent quand quelque chose ne va pas comme d’habitude, quand nos attitudes changent. Parler, même de choses difficiles comme la mort, contribue à les rassurer, à ne pas se sentir exclus, surtout quand le malheur touche un membre de son entourage très proche.

Parler de la mort, c’est aussi parler de nos coutumes et de nos rites, de l’âme et du corps. Même si nos enfants ne comprennent pas tout, pour les plus grands qui ont pris conscience de la finitude, la parole et le fait de se sentir partie prenante, aide au deuil.

Comme sophrologue, je reçois parfois des enfants qui n’arrivent pas à faire ce deuil et se retrouvent dans une situation où l’incompréhension et la frustration s’expriment de multiples façons.

le grand livre de la vie et de la mort

le grand livre de la vie et de la mort

Avant de les accompagner dans ce deuil et cette reconstruction, il nous faut établir le contact, faire le point et parler. Dire et expliquer tous ces non dits autour de la mort, de la maladie ou de l’envie de mourir.

Pour cette tâche difficile, j’ai adopté l’ouvrage de Sylvie Baussier et Sandra Poirot Cherif : « Le grand livre de la vie et de la mort ».

Cet ouvrage magnifique permet de faire le tour de tous ces sujets, en apportant de nombreuses pistes de discussions et de nombreux éclairages.  À la fois complet et ludique, il s’adapte à tous, quelle que soit votre culture ou votre religion.

Même sans être confronté à ce type d’évènements, ce livre permet aux parents de se préparer à répondre à ces questions qui viendront un jour, mais aussi à expliquer pourquoi la mort à la télévision ou dans les jeux vidéo n’est pas si anodine… et ne doit pas être banalisée.