Contes - AtlasLes contes, nous l’avons vu au travers de précédents articles, sont des vecteurs puissants de communication et de transmission.

Raconté aux enfants, il offre de multiples possibilités d’échanges et d’apprentissages, car il fait appel à l’imaginaire, ce qui reste le meilleur moyen de marquer nos esprits.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’autre face des contes et des mythes : la face obscure.

Nous allons voir que ces contes et ces mythes peuvent également devenir  porteurs de messages assez contraignants.

Des messages qui peuvent assez rapidement enfermer le futur adulte dans un mode de fonctionnement et une vision de ses devoirs ou obligations supposées potentiellement générateurs de stress.

3 contes et mythes pas si inoffensifs…

Pour illustrer mon propos, je vais vous parler d’un perdant, d’un oiseau et d’une grenouille… et vous allez rapidement comprendre le nombre de messages négatifs que peuvent porter cette liste hétéroclite.

Le mythe d’Atlas

Toutes les mythologies, qu’elles soient nordiques, occidentales ou orientales, s’appuient sur des contes et des récits. L’objet même de ces mythes est d’utiliser ces récits dans un but explicatif et surtout fondateur d’une pratique et d’un modèle social. Ils étaient là pour guider nos actions et servir de référence à la société en construction.

Le mythe d’Atlas est un exemple assez frappant de ces récits qui nous enferment dans des obligations. Pour ne pas avoir su résister aux Titans durant la guerre qui opposait Zeus à son père, Atlas fut exilé par Zeus à l’extrémité du monde et condamné à soutenir à jamais sur ses épaules le ciel et la Terre.

Plus tard, Hercule, qui avait besoin d’Atlas pour récupérer les pommes d’or du jardin des Hespérides, accepta de prendre sa place. Mais, les pommes récupérées, le pauvre Atlas retrouva rapidement sa position après s’être fait rouler par Hercule.

Cette histoire fait croire à certains qu’ils sont les seuls à porter le poids du monde sur la Terre et que ce destin est immuable. Même s’ils essayent de s’en sortir, il se trouvera toujours une personne ou un événement pour les renvoyer à ce qui semble être leur place à jamais.

Ce mythe, et les contes qui le relatent ont donc tendance à nous faire croire que les choses sont immuables. Que, si nous avons fait des erreurs, nous devons les porter à jamais ! Que notre place est fixée, que tout a été prédéterminé et que rien ne peut changer… pas très encourageant !

Le pélican se perçant le flanc

Parmi les contes datant du moyen-âge, il s’en trouve un qui met en scène un pélican se perçant le flanc afin de nourrir ses petits affamés. Cette image a été reprise et utilisée par la religion catholique pour symboliser, sans le représenter de façon directe, le Christ donnant son sang pour le salut de l’humanité.

Par la suite, le côté pathétique de cette représentation des sentiments extrêmes et du don de soi a inspiré tout un bestiaire romantique au sein duquel on compte l’Albatros baudelairien ou le Cygne mallarméen.

Le message que porte ce conte et ses dérivés est celui de « l’obligation » que l’on se construit de nourrir les autres, de se sacrifier pour eux… même si nous n’en obtenons aucun retour.

Ce manque de retours, cet espoir déçu d’une gratification ou le défaut de reconnaissance nos actes peut rapidement devenir nocif. Cette situation devient rapidement source d’épuisement et de ressentiments qui nous minent.

La grenouille dans une casserole

Pour finir, voici ce que j’appellerai une légende urbaine, l’un des contes des temps modernes, nés à la suite d’expériences scientifiques.

Selon ce récit, si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.

Bien que scientifiquement très discutable, ce conte n’est pas sans nous rappeler le phénomène du burnout : Le nez dans le guidon, nous avançons aveuglement, comme des robots et fonçons droit vers le mur.

Comme la grenouille qui ne sentirait pas monter la température, nous ne prenons pas la mesure de la pression et de la charge de travail qui nous accapare ni du stress qu’elle provoque… jusqu’à l’issue fatale.

Le conte et la réalité

Devant ces mythes qui s’avèrent réellement nocifs, devons-nous totalement abandonner l’utilisation des contes, que ce soit avec nos enfants ou avec nous-même ? La réponse est non !

Si j’ai volontairement mis en avant les aspects négatifs de ces trois contes, c’est pour vous montrer qu’il est également possible d’en tirer des enseignements positifs, susceptibles de vous faire avancer.

Atlas doit nous rappeler qu’il est essentiel de savoir lâcher-prise, de ne pas s’enfermer dans des situations, que nous ne sommes pas obligés de toujours tout porter ni supporter.

Le pélican doit nous inciter à prendre du recul, à essayer de ne pas nous construire d’attentes démesurées et à faire la part des choses avec nos proches. La grenouille nous rappelle que cette obligation est également valable dans la sphère professionnelle.

Grandir et devenir soi nous oblige à sortir des messages et des postures que l’on nous donne comme des standards.