Bien-être chez nos cousinsTout ce qui contribue au bien-être et à l’amélioration de notre mode de vie est bon à découvrir.

Je reviens d’un voyage au Canada, à Québec plus précisément. Ces quelques jours chez nos cousins de la belle province et avec les peuples autochtones m’ont permis de découvrir un mode de vie à la fois similaire et très différent du nôtre.

Un mode de vie dans lequel le bien-être, mais aussi la confiance en soi, l’ouverture aux autres sont des composantes naturelles présents à chaque instant de la vie et cela depuis des centaines d’années.

Une culture de l’ouverture

Pour comprendre le Québec, il faut se pencher sur son histoire : découverte pas les Français, reprise par les Anglais, scindé en une partie francophone et une partie anglophone, voisine des États-Unis, on pourrait croire que le Québec multiculturel aurait cédé à la pression de la culture anglo-saxonne, mais il n’en est rien !

C’est probablement le pays, ou plutôt la région du monde, la plus attachée à ses racines francophones. Par certains côtés nous, français, sommes parfois plus américanisés que nos cousins.

Si le Québec a été découvert par Jacques Cartier, c’est Samuel Champlain qui a réussi à y établir une colonie de façon permanente. Pour cela, il a commencé par établir une bonne entente avec les populations autochtones, sans chercher à les asservir comme le feront les Anglais par la suite.

Aujourd’hui encore il existe un lien très fort entre les francophones et les Wendake, même si les lois héritées des Anglais les classent encore comme citoyens de seconde zone et les privent de droits élémentaires.

Comme beaucoup de pays qui se sont construits par l’immigration et où le climat est rude, le Québec est un pays où l’on se sent accueilli. Ici, le vouvoiement est rare et, sauf nécessité d’un certain formalisme, le tutoiement prend rapidement le dessus.

La solidarité entre francophones, qui se battent pour leur culture et leur langue, joue aussi un rôle important dans la création de cette ambiance propice au bien-être.

Une culture du bien-être

Wendake

Pour comprendre le Québec contemporain, il me faut refaire un détour par la culture Wendake. Ethnie semi-nomade, les Wendake vivaient en communauté et pour la communauté.

Chez eux, aucun bien personnel, mis à part les vêtements et quelques parures. Tous les objets appartenaient à la communauté et chacun pouvait s’en servir et le laisser aux autres une fois terminés. Chacun participait au bien-être de la communauté par son travail, il était normal de partager.

Ce mode de vie a été très mal interprété par les premiers colons qui les ont considérés comme des voleurs par ce qu’il empruntaient les outils des fermiers quand ceux-ci ne les utilisaient pas.

D’autres coutumes Wendake ont étonné les colons et en particulier les missionnaires chargés de l’évangélisation. Ainsi, chez les Wendake, la naissance d’un enfant tenait lieu de mariage et obligeait les parents à la monogamie jusqu’à la mort… sauf si l’un des deux venait à “s’attrister”, à perdre goût à cette vie de couple. Dans ce cas, et après réunion des membres importants de la tribu, le couple était autorisé à se séparer dans un seul but : le bien-être de chacun.

La culture Wendake considère le bien-être comme un élément central, car, pour eux, la tristesse et le mal-être engendrent la maladie.

Pour eux, la vie ne peut donc s’envisager autrement, et cela depuis le plus jeune âge. La mission des parents était donc de procurer un maximum de bien-être à leurs enfants. Une fois de plus, l’arrivée des colons et leurs méthodes d’éducation rigoriste ont été la cause de quelques chocs de culture des deux côtés.

Des résultats bien visibles

Cette approche de le l’éducation se retrouve encore aujourd’hui sous d’autres formes. Ainsi, nos cousins québécois ont une tradition qui ressemble un peu à celle de nos colonies de vacances : les camps. Si, en France, on vous présente les colonies de vacances comme des expériences ludiques dans un cadre éducatif, au Québec l’objectif affiché auprès des enfants est totalement différent :

Aller au camp te force à t’ouvrir, à faire face à tes peurs, à sortir de ta zone de confort et à devenir la personne que tu as toujours voulu être.

Non, vous n’avez pas mal lu, ce sont bien à des enfants de tous âges que cette publicité s’adresse. On leur propose de faire face, de sortir de leur zone de confort, de se découvrir. Chez nous, c’est aux adultes en recherche de bien-être que nous proposons ce type de démarche !

Nous pourrions épiloguer sur l’utilisation d’expressions comme “te force” ou “faire face à tes peurs”, mais ce serait retomber dans une vision franco-française et une utilisation très policée de la langue. Si les peurs font partie du quotidien et sont abordées beaucoup plus ouvertement que nous ne pouvons le faire ici, la notion de “forcer” n’est pas aussi forte que dans notre langage.

Aujourd’hui, le mode de vie de nos cousins est le résultat de toute cette histoire, de ce mélange de cultures et de cette éducation qui place le bien-être, la confiance en soi et le développement personnel.

Ici, même si l’administration et les procédures sont omniprésentes, beaucoup de choses se basent sur la confiance et la parole.

Le calme et la tempérance règnent sur la ville de Québec, comme sur les routes. Même en plein bouchons, si vous êtes perdus ou ne respectez pas tout à fait les usages de la conduite, aucun coup de klaxon vengeur, pas un signe agressif.

Comme ailleurs, on ne plaisante pas avec la qualité de service, mais ici, s’il faut attendre, on attend, sans râler ni se plaindre. Pas de laisser-aller, mais pas non plus de pression. Chacun son rythme : le bien-être est trop important.

La saison touristique touchant à sa fin, lors de nos visites, il n’était pas rare de trouver des centres touristiques en sous-effectif pour ne pas obliger le personnel à venir pour rien. Parmi ceux qui étaient présents, j’ai eu le plaisir de découvrir que certains, entre deux renseignements, s’adonnaient tranquillement et ouvertement aux mandalas, leur cahier ouvert sur le comptoir avec leur pot de crayons.

Quand on sait que 80% de la population donne de son temps à la communauté sous forme de bénévolat, on comprend que le bien-être collectif, comme le bien-être personnel, est profondément ancré dans les modes de vie même les plus citadins !

Cet article étant déjà très long, je ne vous parlerai pas de la passion pour les activités de plein air à tous âges ni de la passion pour la nature.

Je conclurais simplement par un constat : nos cousins ont vraiment beaucoup à nous apprendre, à nous les “maudits Français” qu’ils aiment tant !